Les statisticiens commencent à peine à observer les premiers signes d’une reprise économique que le secteur bancaire s’adapte en ajustant ses taux. Après 9 mois de baisse continue, la banque LCL a en effet commencé à faire remonter ses taux d’emprunt. Est-ce la fin des taux historiquement bas observés depuis un an ? Dans le doute, les demandes de crédits affluent pour des renégociations ou de l'achat d'immobilier.
Un taux qui prend 0,1 point. L’ajustement est minime mais il annonce peut-être la fin d’une période hors norme : chez LCL, le taux d'emprunt sur 20 ans vient de passer de 2.10 à 2.20%. Concrètement, cela veut dire que si vous empruntez 200.000 euros, votre crédit vous coûte au total 2.000 euros de plus.
La trêve des taux bas va prendre fin. Comment expliquer cet inversement de tendance ? Si les taux commencent à remonter, c'est parce que les banques elles-mêmes empruntent aujourd'hui à des prix plus élevés. Ce mouvement devrait donc toucher d’autres établissements bancaires. Si LCL est la première banque à faire remonter son taux, elle devrait donc être rapidement rattrapée par d’autres établissements.
"Les banques aujourd’hui empruntent plus cher qu’il y a 15 jours à peine, et cette augmentation est très forte. Donc automatiquement, les taux de crédit vont remonter", confirme Cécile Rauquelaure, chargée d'étude chez Empruntis. Pour cette dernière, "c’est clair, ils ne peuvent plus baisser et cela aura un impact sur le coût du crédit immobilier à très court terme, certainement avant l’été. Ce ne sera pas une hausse majeure, puisqu’on est à des niveaux extrêmement bas, mais les banques pourraient remonter de l’ordre de 0,3 ou 0,4% leurs taux de crédit immobilier".
Une remontée des taux que laisse augurer cette infographie, qui montre qu'ils ont atteint un niveau plancher :
Les banques lassées d’être malmenées. Les établissements bancaires ne vont d’autant pas hésiter à remonter leur taux que l’année passée a été compliquée pour eux : faute de lien particulier avec leur banquier, les ménages n’hésitent plus à faire jouer la concurrence et à aller voir ailleurs. Il en a résulté une guerre des prix, chaque banque s’alignant sur les offres de la concurrence pour conserver ses meilleurs clients.
Mais les banques voient ainsi leurs marges se réduire comme jamais et refusent d’aller plus loin. Résultat, depuis peu, "dans la majorité des cas, les banques préfèrent encore perdre un client" que d'offrir un taux compétitif, leurs contre-propositions étant "quasiment jamais à la hauteur de la concurrence", renchérit Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux. Les candidats à une renégociation de prêt ont donc intérêt à se dépêcher pour passer à l’acte.