Industrie : «La France peut faire 100 fois mieux», estime Nicolas Dufourcq

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Yanis Darras , modifié à

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, était l'invité ce mardi matin de Sonia Mabrouk. L'auteur du livre "La désindustrialisation de la France" est revenu sur la désindustrialisation française. Un drame pour la France qui a "macéré" pendant 20 ans, avant enfin de reprendre du poil de la bête, souligne-t-il. 

Charbon, textile, aciérie, automobiles, pneus... Depuis les années 70, la France n'a cessé de perdre des pans entiers de son industrie . Une dynamique que l'Europe a particulièrement connue dans les années 70 mais les choix de l'Hexagone ont provoqué une deuxième vague de départs des industries. "Contrairement aux autres pays d'Europe, on a connu une deuxième vague de désindustrialisation dans les années 90", souligne Nicolas Dufourcq, le PDG de la banque d'investissement Bpifrance. 

La menace chinoise pas assez anticipée

"On était fier d'avoir résisté face au Japon dans les années 80", ajoute-t-il, expliquant qu'ainsi, les pouvoirs publics ne se méfiaient pas de la Chine qui commençait à peine son industrialisation 10 ans plus tard. D'autant que dans les années 90, "l'imaginaire collectif nous emmenait vers une société de service (...) et que c'est toute la société qui demandait un meilleur partage du travail", souligne l'auteur du livre La désindustrialisation de la France

Mais la mise en place des 35 heures, couplée à l'idée d'une société de services et à l'agressivité de la Chine, provoquent un nouveau départ massif des industries. "On a pas vu que la Chine, c'était l'équivalent de 20 Japon en plus agressif", regrette Nicolas Dufourcq. Et d'ajouter : "Aujourd'hui, l'industrie française compte six millions de salariés à l'étranger. En proportion, c'est cinq fois plus que l'industrie espagnole par exemple, et même trois fois plus que l'industrie allemande. L'élite industrielle française avait pris sa décision : 'L'industrie, ce n'est plus jamais en France.'"

Désirer l'industrie

Mais depuis quelques années, la donne est en train de changer, estime le patron de Bpifrance. "Désormais, on ouvre plus d'usines qu'on en ferme", souligne-t-il. "Ce qu'il y a de beau dans ce que l'on vit, c'est que les pouvoirs publics ont retenu ce qu'il s'est passé dans les années 90 et 2000. On a changé des pans entiers" de notre réflexion, se félicite-t-il. 

"Je pense que le pays peut faire 100 fois mieux", soulignant par la même occasion "que beaucoup de Français acceptent des vies qui ne sont pas à leur dimension". Une seule solution pour Nicolas Dufourcq, continuer à réindustrialiser le pays. Et pour y arriver, "l'industrie doit être désirée", conclut-il.