Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a répété dimanche ne pas être favorable à une remise en question de la réforme de l'impôt sur la fortune (ISF), actuellement discuté par l'Assemblée nationale à l'occasion de l'examen du projet de loi de finance. "Il s'agissait d'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron, l'ISF est un épouvantail pour ceux qui veulent créer des richesses et investir en France. Je suis opposé à toute création d'une nouvelle taxe qui viendrait compléter l'ISF (recentré, ndlr) sur l'immobilier", a déclaré le ministre de l'Economie, lors de l'émission Le Grand Jury sur RTL/Le Figaro/LCI.
"Ouvrir la boîte de Pandore". Le rapporteur du budget, le député LREM Joël Giraud, s'est prononcé vendredi en faveur d'une révision de certains aspects de la réforme de l'ISF afin de taxer une série de produits de luxe, comme les yachts, les jets privés ou les chevaux de course. "Il ne faut pas ouvrir la boîte de Pandore qui consisterait à fracasser les riches pour aider les pauvres. On a essayé cette approche, ça ne marche pas", a insisté Bruno Le Maire, "on ne peut pas multiplier les idées farfelues". Le ministre de l'Economie a rappelé que la volonté du gouvernement était de mettre en place "une politique fiscale stable, juste et qui finance l'investissement".
Quelques adaptations. Le locataire de Bercy a cependant ouvert la porte à une adaptation de la fiscalité existante sur certains produits particuliers, tels que les yachts ou les grosses cylindrées. "Un véhicule à grosse cylindrée, on peut durcir le malus sur la pollution. Je suis également prêt à envisager une nouvelle tranche pour la taxe de francisation, en fonction de la taille du bateau, avec deux limites : attention à la filière des voiliers et à une fiscalité trop lourde sur les yachts, risquée pour les ports", a détaillé Bruno Le Maire.
Une réforme critiquée. Le projet de budget 2018 prévoit de transformer l'ISF, qui touche aujourd'hui 351.000 foyers, en "impôt sur la fortune immobilière" (IFI), de façon à exempter de taxes les valeurs mobilières et les placements (actions, assurance-vie...). Cette mesure, censée stimuler l'activité en encourageant les contribuables les plus aisés à investir dans "l'économie réelle", devrait entraîner un manque à gagner de près de 3,2 milliards d'euros pour l'État. Cette réforme suscite de nombreuses critiques, notamment au sein de la gauche, qui a dénoncé un "cadeau" fiscal pour les ménages les plus fortunés, sans garantie sur les retombées économiques du nouveau dispositif.