Une des institutions les plus réputées de la République a changé de patron ce week-end. Christian Noyer a cédé son poste de gouverneur de la banque de France à son successeur, François Villeroy de Galhau, dans un relatif anonymat. L’institution, dont les pouvoirs ont décru depuis la création de la Banque Centrale Européenne (BCE), garde pourtant d’importantes prérogatives et une influence certaine dans les milieux financiers.
Produire une partie des billets en euros. La Banque de France n’a plus le privilège de battre de la monnaie, depuis que cette compétence a été transférée à la BCE. Mais elle produit tout de même une partie des billets en euros, et en assure la bonne circulation. La Banque de France gère également le stock d’or du pays.
Mettre en œuvre la politique monétaire de la BCE. Avec l’adoption de la zone euro, la Banque de France a transféré à la BCE son pouvoir de définir une politique monétaire. Dorénavant, c’est au niveau européen qu’elle est coordonnée. Mais le gouverneur de la Banque de France pèse d’un poids certains dans l’élaboration de cette politique, puisqu’il fait partie du conseil des gouverneurs de la BCE. L’objectif principal est de maintenir la stabilité des prix, pour éviter l’inflation, ainsi que de fixer les taux d’intérêts. Cette politique monétaire commune est ensuite mise en œuvre en France par le gouverneur de la Banque de France.
La surveillance bancaire et financière. Le gouverneur de la Banque de France est par ailleurs très impliqué en matière de réglementation bancaire, un rôle qui s'est renforcé avec la crise. A ce titre, il préside le régulateur français du secteur, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) -même si un mécanisme de supervision unique européen a été mise en place à Francfort-, afin de garantir la stabilité financière. Le gouverneur de la Banque de France participe également aux travaux du Conseil de stabilité financière (FSB) et du Comité de Bâle, qui édicte les nouvelles règles prudentielles du monde bancaire.
Surendettement et statistiques. La Banque de France gère certaines tâches relatives aux ménages et aux entreprises. Ainsi, elle traite les dossiers de surendettement et contrôle les moyens de paiement. La banque de France évalue aussi la solidité financière des entreprises, via son réseau de succursales dans les départements. Par ailleurs, l’institution produit de nombreuses statistiques, grâce à ses nombreux économistes. Elle fournit ainsi régulièrement des prévisions de croissance ou de chômage.
La Banque de France, une entreprise. La Banque de France est aussi une entreprise, qui compte actuellement 13.000 employés et plus de 120 succursales réparties sur tout le territoire. Elle a ainsi dégagé un bénéfice net de plus de 2 milliards d'euros en 2014. Mais depuis le basculement de certaines de ses prérogatives vers Francfort, elle est engagée dans un vaste plan de réorganisation, qui passe par des fermetures de caisses et des regroupements régionaux. Près de 1.600 à 2.000 postes seraient supprimés, et 13 succursales locales seraient fermées, selon le projet "construisons la banque de 2020".