En marge du Conseil des ministres de l'Agriculture, qui se déroulait lundi à Bruxelles, "la Commission a donné un accord de principe à la France pour expérimenter l'étiquetage de l'origine des viandes et du lait dans les produits transformés", a annoncé le ministère de l'Agriculture dans un communiqué. Cette expérimentation devrait durer un an.
Réclamé depuis plusieurs semaines. Une telle décision représente en tout cas une victoire pour l'Hexagone, qui y voit un moyen de promouvoir son élevage en pleine crise. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avait notifié à la Commission européenne le 15 février un projet de décret autorisant une expérimentation en France pour étendre aux produits transformés l'étiquetage obligatoire de l'origine des viandes. Les syndicats agricoles majoritaires FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA), la fédération des coopératives Coop de France et l'association de consommateurs UFC-Que Choisir avaient lancé en début d'année une pétition en ligne pour "accroître la pression sur l'Union européenne pour un étiquetage obligatoire de l'origine des viandes".
Le décret fait référence à la présence d'au moins 50% de viandes ou de lait dans le plat concerné. Pour la viande, la précision d'origine du produit définie par le décret s'applique au "pays de naissance, d'engraissement et d'abattage" de l'animal. S'agissant du lait, elle concerne "le pays de collecte, de conditionnement et de transformation".
"Une première victoire très importante". L'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a salué "une première victoire très importante" : pour Olivier Andrault, son chargé des questions agroalimentaires, cette décision "montre un infléchissement majeur de la position de la Commission européenne, alors qu'elle s'était jusqu'à présent alignée sur la position des industriels de l'agro-alimentaire".
Selon UFC-Que Choisir, plus d'un produit sur deux (54%) ne mentionne pas la provenance de la viande qu'il contient. L'étiquetage des viandes crues a été rendu obligatoire au 1er avril 2015 au sein de l'Union européenne, mais dépend du bon vouloir de l'industriel quand la viande a été préparée par un industriel pour faire des sandwichs, des plats préparés ou de la charcuterie. Les demandes insistantes de la France pour que la mesure soit étendue aux plats préparées étaient jusque-là restées vaines au niveau communautaire. Cette demande a été présentée à la suite du scandale des raviolis et lasagnes à la viande de cheval, frauduleusement utilisée à la place de la viande de boeuf début 2013. La viande avait en outre effectué un périple intra-européen opaque à travers plusieurs pays avant d'être transformée.