La France compte-t-elle vraiment moins de grosses fortunes ?

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Margaux Baralon , modifié à
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Selon l'administration fiscale, le nombre de foyers dont les revenus sont supérieurs à 200.000 euros par an a diminué de 8% en un an. Mais cela ne révèle pas nécessairement une tendance de long terme.

Où sont passées les grosses fortunes françaises ? Selon les données 2015 de Bercy, le nombre de foyers dont le revenu fiscal de référence dépasse les 200.000 euros annuels a singulièrement baissé entre 2013 et 2014. Ils n'étaient plus que 137.081 l'an dernier, contre 148.268 l'année précédente, soit une diminution de 8%.

La baisse est encore plus spectaculaire dans les plus hautes tranches de revenu. Les foyers qui ont déclaré entre 800.000 et 3 millions d'euros annuels sont environ 30% moins nombreux. Entre 5 millions et 7 millions, ce taux dépasse les 40%.

L'exil fiscal n'explique pas tout. Comment expliquer cette chute vertigineuse ? La première cause qui vient à l'esprit est celle d'un exil fiscal de plus en plus important. Cher à ceux qui dénoncent une fiscalité trop élevée en France, cet argument ne suffit pas. En effet, en 2013, 659 expatriations de foyers gagnant plus de 300.000 euros annuels ont été recensées par le fisc, selon Les Echos. Or, la même année, l'administration fiscale a comptabilisé plus de 9.000 foyers en moins dans cette même tranche de revenus. Autrement dit, le nombre de contribuables fortunés qui s'exilent (légalement ou non) n'est pas suffisamment important pour couvrir celui des grosses fortunes qui sortent de leur tranche d'imposition.   

Des chiffres très volatils. Cette baisse peut, en revanche, s'expliquer par la "forte volatilité" du nombre de grosses fortunes d'une année sur l'autre. Il suffit d'un événement exceptionnel, comme la cession d'une entreprise ou un départ à la retraite, pour qu'un foyer se retrouve doté d'un niveau de revenu supérieur à celui de l'année précédente. "La population des contribuables déclarant des revenus très élevés n'est pas stable dans le temps", a d'ailleurs indiqué Bercy vendredi. Preuve en est avec les premiers chiffres de 2015, qui viennent contredire ceux de 2014 : l'année dernière, le nombre de foyers français dont le revenu fiscal de référence excédait le million d'euros a augmenté de 11%.  

Mauvaise nouvelle pour Bercy. Si la baisse observée en 2014 n'est donc que temporaire, elle n'en est pas moins problématique pour les caisses de l'Etat. Car une baisse du nombre de ménages aisés rime toujours avec une diminution des rentrées fiscales. Si les foyers fiscaux déclarant plus de 200.000 euros annuels ne représentent que 0,4% du total en France, ils contribuent à haute de 20% des recettes de l'impôt sur le revenu.