La grande distribution met un coup d'accélérateur sur le bio

Michel-Édouard Leclerc a inauguré le premier magasin "Le Marché Bio" à Saintes, mardi.
Michel-Édouard Leclerc a inauguré le premier magasin "Le Marché Bio" à Saintes, mardi. © GEORGES GOBET / AFP
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Anne-Laure Jumet, édité par Thibaud Le Meneec
Leclerc a ouvert mardi en Charente-Maritime le premier de ses magasins "Le Marché Bio", symbole d'une grande distribution qui investit de plus en plus massivement ce secteur. Au détriment des réseaux historiques ?
ON DÉCRYPTE

C'est une première en France, le symbole d'un marché en plein essor. Mardi, Leclerc a inauguré son premier magasin 100% bio à Saintes, en Charente-Maritime, avec 5.000 références, essentiellement des produits français et en circuits courts. Dans les cinq ans à venir, l'enseigne veut ouvrir 200 enseignes "Le Marché Bio" en France. Europe 1 décrypte cette tendance d'un investissement massif dans le bio par les mastodontes de la distribution.

Quel est le concept du "Marché Bio" ?

Avec ce concept, Leclerc entend s'adresser à une clientèle plus exigeante que celle qui achète du bio dans ses hypermarchés. Une clientèle qui est prête à mettre un peu plus d'argent dans les produits qu'elle consomme. Une niche ? Pas vraiment : quatre Français sur dix trouvent normal qu’un produit issue de l'agriculture biologique coûte plus cher qu’un produit conventionnel. Ils sont même prêts à payer 15% de plus en moyenne.

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Est-ce le seul géant de la distribution à investir ce secteur ?

Loin de là. La chaîne spécialisée Naturalia est par exemple détenue par le groupe Casino et se décline en 180 magasins dans toute la France. De la même manière, Carrefour est en train de racheter So Bio, une chaîne locale implantée dans le sud-ouest, qu'il compte déployer partout en France. Le géant de la distribution a aussi lancé une vingtaine d'enseignes Carrefour bio, situées plutôt en centre-ville, avec une stratégie de déploiement. 

Quant à Auchan, il est en train de tester deux concepts : Auchan bio et Cœur de Nature. Les surfaces dédiées au bio augmentent également dans les hyper et les supermarchés pour répondre à une demande croissante. Chez Casino, par exemple, on a multiplié par deux les références bio par rapport à 2016. 

Les réseaux historiques du bio peuvent-ils survivre ? 

Dans ce contexte, les distributeurs spécialisés, qui sont les réseaux historiques du bio, doivent s'adapter. C'est notamment le cas de Biocoop, numéro un de sa catégorie : le groupe vient de lancer pour la première fois de son histoire une campagne de pub à la télé, pour montrer sa différence. Il cherche aussi à se diversifier, avec le lancement dans les prochains mois de boulangeries et de boucheries bio. Et assure ne pas vouloir chercher à lutter avec les géants qui marchent sur ses plates-bandes.

Plus de bio, est-ce forcément une bonne nouvelle pour tout le monde ?

Avec l'augmentation de la concurrence, le consommateur aura davantage de choix, dans des magasins qui seront toujours plus proches de chez lui. Mais qui dit augmentation de la concurrence, dit aussi baisse possible des prix. Il ne faudra pas que cette multiplication de l'offre conduise à une pression toujours plus grande sur les agriculteurs bio pour qu'ils baissent leurs prix de revente aux distributeurs. En avançant que les prix du "Marché Bio" seront en moyenne 30% moins chers que les spécialistes, Leclerc s'inscrit dans cette logique-là, même s'il assure que ces prix sont obtenus grâce à un effort sur ses marges.