Après des heures et des heures de négociations dans la nuit de dimanche à lundi, les dirigeants européens sont en passe de trouver un compromis sur la crise grecque. Quelques désaccords persistent toutefois entre les négociateurs de la zone euro et ceux de la Grèce sur les modalités d'un nouveau plan de sauvetage du pays. Philippe Lamberts, eurodéputé belge et coprésident du groupe des Verts au parlement européen, était l'invité d'Europe 1, lundi matin.
"Ce sera un recul considérable de la démocratie". "Ce qui coince, c'est que la Grèce a tendu la main et on essaye de lui tordre le bras. Les citoyens grecs se sont prononcés contre les conditions à l'aide européenne. Et ce que l'on propose, c'est de rendre ces conditions encore plus draconiennes ! On est dans une impasse car je ne sais pas si le gouvernement grec s'apprête à accepter les conditions qui lui sont dictées par l'Allemagne mais si c'est le cas, ce sera un recul considérable de la démocratie, en Grèce mais aussi en Europe", a-t-il regretté.
"Les amis de Sapin et de Schäuble ont dirigé la Grèce sous un régime clientéliste pendant 40 ans. Si "tout le monde peut être échaudé" après des années de soutien à la Grèce, reconnait l'eurodéputé, il rappelle également que "ce sont les amis politiques de Michel Sapin et de Wolfgang Schäuble (ministre allemand des Finances, ndlr) qui ont dirigé la Grèce sous un régime clientéliste pendant 40 ans et qui, depuis le début de la crise, se refusent à mettre sur place un état de droit en Grèce. Un nouveau gouvernement est arrivé il y a cinq mois et on lui demande de réaliser tout ce que les amis de Sapin et Schäuble n'ont pas fait pendant 45 ans !"
Est-ce à dire que, selon lui, la France et l'Allemagne ont une responsabilité quant à la situation actuelle de la Grèce ? "Ce que je veux dire, c'est que ce sont les socialistes et les chrétiens-démocrates qui, après la dictature qui est tombée en 1974, ont fait de ce pays un état clientéliste et on demande à un parti qui n'est ni socialiste ni chrétien-démocrate de remédier à tout cela en quelques mois, c'est insensé !"
"La crise a rapporté à l'Allemagne, à la France, à la Belgique". Regrettant que "le pouvoir monte à la tête des créanciers de la Grèce", Philippe Lamberts estime que, "certes la Grèce doit de l'argent aux contribuables européens. Mais ces contribuables ont aussi, grâce à la crise grecque, profité de conditions d'emprunts bonifiées. La crise a rapporté à l'Allemagne, à la France, à la Belgique. Et aujourd'hui, on s'insurge contre le fait qu'elle pourrait nous coûter un petit, sous la forme d'une restructuration de la dette ! Si on veut garder l'Europe unie, il faut le faire dans le respect".
Et de conclure : "ce qui est en train de se passer est anti-démocratique ! On demande à un Etat de revoir les fondements de sa législation en trois jours "