La livre britannique est tombée vendredi dans les échanges asiatiques à un nouveau plus bas en 31 ans face au dollar et en sept ans face à l'euro, accentuant sa chute entamée en début de semaine sur fond de craintes d'un "Brexit dur".
Un recul aussi face à l'euro. Peu après 8h à Tokyo (1h du matin en France), la livre sterling a chuté à 1,1841 dollar, soit son plus faible niveau depuis 1985, avant de se redresser légèrement à 1,2470 dollar. Elle évoluait quelques heures plus tôt autour de 1,26 dollar, équivalent à un décrochage brutal de plus de 6%. Elle reculait aussi face à l'euro qui a brièvement atteint 94,15 pence au même moment, contre 88,42 pence un peu plus tôt, du jamais vu depuis début 2009.
Contexte de faibles liquidités. Si cette chute a, dans la matinée, été partiellement compensée, elle reste la plus forte depuis l'annonce des résultats du référendum sur le Brexit, le 23 juin dernier. Et sa cause exacte n'est pas claire. Selon des courtiers cités par l'agence Bloomberg News, ce plongeon exceptionnel, très ponctuel, pourrait avoir été causé par des ordres automatiques, voire une erreur humaine. La secousse sur les marchés a ensuite été aggravée par le fait qu'elle s'est produite à l'ouverture des marchés asiatiques, "à un moment où les liquidités sont toujours limitées", explique Jeffrey Halley, analyste chez Oanda.
Conséquence des déclarations de Hollande. Ce timing pourrait avoir été dicté par les propos de François Hollande. Le président français a en effet plaidé jeudi soir pour la "fermeté" face à Londres dans les futures négociations sur le Brexit. "Il faut qu'il y ait une menace, il faut qu'il y ait un risque, il faut qu'il y ait un prix, sinon nous serons dans une négociation qui ne pourra pas bien se terminer et qui, forcément, aura des conséquences économiques et humaines", a-t-il lancé dans un discours à Paris. "Le Royaume-Uni a décidé de faire un Brexit, je crois même un Brexit dur, eh bien, il faut aller jusqu'au bout de la volonté des Britanniques de sortir de l'Union européenne", a insisté le chef de l'État.
Vers un effondrement ? Reste à savoir s'il s'agit d'un décrochage sans conséquence ou des prémices d'un véritable effondrement de la monnaie britannique. Alors que se dessine cette perspective d'un "Brexit dur", scénario dans lequel le Royaume-Uni se couperait du marché unique européen, certains observateurs jugent une chute inévitable. "Ce n'est qu'une question de temps", affirme Yosuke Hosokawa, de SUmitomo Mitsui Trsut Bank. "Les éléments négatifs se sont accumulés jusqu'à ce que la digue cède."