Dans le domaine de la lutte contre le plastique, Michel-Édouard Leclerc est un pionnier. Il y a vingt ans, il avait lancé l'idée de supprimer les sac plastiques à la caisse. Et ces dernières semaines, le plastique n’a jamais autant fait parler de lui. Début juillet, Nicolas Hulot a annoncé la suppression d’ici 2025 des objets en plastique à usage unique : pailles en plastique, touillettes à café ou encore cotons-tiges. Au Journal du dimanche, le distributeur annonce un ambitieux plan de réduction de l’utilisation des plastiques.
"À un moment donné, il faut fermer le robinet". "J’ai décidé qu’il fallait anticiper la loi", explique Michel-Édouard Leclerc. Les 650 patrons des centres Leclerc vont ainsi être mobilisés sur la réduction de l’utilisation des plastiques, notamment ceux qui ne sont pas recyclables. "Dès la rentrée, nous allons passer commande de produits de substitution et écouler très vite nos stocks pour ne plus en proposer à la vente dès la fin du premier trimestre 2019", poursuit le distributeur. Les plastiques seront ainsi remplacés par des matériaux plus "durables" : carton ou bambou. "À un moment, il faut fermer le robinet, arrêter de passer des commande".
Selon Michel-Édouard Leclerc, l'enjeu économique est colossal. Emballages autour des palettes, produits frais, articles de jardinage ou de bricolage : "Je compte un an et demi au maximum pour mener les discussions et mettre en place des lignes de production pour nos marques propres".
Placer Leclerc sur le podium européen. Autre chantier du patron des magasins Leclerc, la mise en place d'un système de consigne au produit. Un modèle de ce type est actuellement testé dans des magasins des Hauts-de-France. Avantage pour le client qui ramène sa bouteille en plastique et en verre : quelques centimes crédités sur la carte de fidélité. "Je veux mettre Leclerc sur le podium européen des trois enseignes les mieux-disantes en matière de développement durable d’ici à 2022", lance Michel-Édouard Leclerc, affirmant que la lutte contre le plastique "est dans [son] ADN". "Je veux entraîner tous les centres Leclerc avec moi".
"L'ennemi, c'est l'acculturation". S'il considère que les consommateurs sont plutôt "à l'écoute" sur ce type de campagne, Michel-Édouard Leclerc sait qu'il en va autrement pour les industriels. "C'est un chantier à mener en partenariat", explique-t-il. "Les inerties ne dépendent pas que des hommes mais aussi des structures", nuance le distributeur. "Dans les groupes où des milliers de salariés sont impliqués, il faut le temps de la pédagogie et de la formation. L’ennemi, c’est l’acculturation".
Pour lutter contre le plastique, il faut "transformer l'économie française", estime Brune Poirson
Interrogée par le JDD, la Secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire Brune Poirson estime que pour réduire l'utilisation des plastiques, c'est l'économie française qu'il faut repenser. "Il faut que notre économie devienne circulaire", plaide la secrétaire d'État qui annonce la mise en place d'un bonus-malus pour les entreprises dès 2019. Brune Poirson indique aussi que l'étiquetage des produits sera clarifié. "D’ici 2020, nous aurons mis en place un logo, le Triman, qui dira si un produit a vraiment été fabriqué avec du plastique recyclé ou s’il est recyclable".