"La plupart" des entreprises françaises "ne pourra pas" rester en Iran, a déclaré mardi le ministre de l'Economie Bruno le Maire sur RMC, après le rétablissement début mai par les États-Unis de sanctions visant Téhéran.
Pas d'institution européenne financière. Ces entreprises "ne pourront pas rester car elles ont besoin d'être payées pour les produits qu'elles livrent et fabriquent en Iran et elles ne peuvent pas être payées car il n'y a pas d'institution européenne financière souveraine et autonome", a poursuivi le ministre.
"Notre priorité c'est de bâtir des institutions financières européennes indépendantes souveraines qui permettent des canaux de financement entre des entreprises françaises, italiennes, allemandes, espagnoles et n'importe quel autre pays de la planète car c'est à nous européens de choisir librement et souverainement avec qui nous voulons faire du commerce", a martelé Bruno Le Maire. La prépondérance absolue du dollar dans les échanges commerciaux rend très difficile, pour une compagnie internationale, d'ignorer des menaces de sanctions américaines.
"Ne pas être victimes" du choix de Trump. Washington a annoncé début mai son retrait de l'accord nucléaire iranien et a décidé de rétablir ses sanctions vis-à-vis de Téhéran ainsi que de toutes les entreprises ayant des liens avec la République islamique, leur donnant de 90 à 180 jours pour se retirer du pays. "Les États-Unis n'ont pas à être le gendarme économique de la planète. Et comme visiblement le président américain a décidé d'être le gendarme économique de la planète, c'est à nous de nous doter d'instruments pour ne pas être les victimes de ce choix", a réagi le ministre de l'Économie.
Déjà des retraits d'entreprises françaises. Plusieurs entreprises françaises ont déjà annoncé qu'elles se préparaient à se retirer d'Iran, à l'image de PSA qui a vendu 444.600 véhicules en Iran l'an passé. Total a également fait savoir qu'il ne mènerait pas à terme un grand projet gazier en Iran, entamé en juillet 2017, à moins d'obtenir une dérogation de la part des autorités américaines. Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a en revanche affirmé la semaine dernière que le groupe resterait en Iran, quitte à adopter une "voilure réduite".