La SNCM peine à attirer des repreneurs

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MARATHON - Le tribunal de commerce de Marseille a une nouvelle fois rejeté les offres de reprises, jugées insatisfaisantes.

Les convocations au tribunal se suivent et se ressemblent pour la SNCM : la compagnie de ferry reliant la Corse au continent n’a toujours pas trouvé de repreneur, les juges ayant estimé mercredi que les offres de reprise n’étaient toujours pas satisfaisantes. Le tribunal de commerce de Marseille a donc lancé un nouvel appel d’offres et fixé une audience au 25 septembre dans l’espoir de recevoir des propositions plus solides. Mais ce report ne risque-t-il pas d’être celui de trop ?

La SNCM en quête d’un nouveau capitaine. Longtemps en situation de monopole pour desservir la Corse, la SNCM a commencé à perdre pied lorsque d’autres entreprises sont entrées sur ce secteur en entamant une guerre des prix. Mais l’entreprise a peiné à réagir, minée par des conflits sociaux à répétition et une "productivité par salarié trois fois moindre" que chez son concurrent, comme le souligne Alternatives Economiques. Sans oublier une image de marque écornée, alors même que la SNCM bénéficie d’une délégation de service public. Autant de handicaps qui ont fait perdre à la SNCM une bonne partie de ses parts de marché, elle détiendrait aujourd’hui moins de 30% du marché contre près de 50% en 1992, compliquant un peu plus ses chances de rebondir. Principal actionnaire de l’entreprise, Transdev a donc décidé d’arrêter les frais : le 28 novembre 2014, la SNCM est placée en redressement judiciaire.

D’échéance en échéance, une reprise qui s’éternise. Sauf que depuis, les rares repreneurs qui se sont présentés n’ont pas convaincu le tribunal de commerce de Marseille, alors même que Transdev a donné un coup de pouce en s’engageant mi-février à financer le plan social qui concernera les salariés n’étant pas conservé par le nouveau propriétaire.

La liste des échéances programmées puis repoussées donne le vertige : les candidats à la reprise avaient jusqu’au 19 janvier pour déposer leurs offres. Ce sera finalement le 2 février. Le tribunal de Marseille devait rendre son verdict le 18 mars. L’échéance sera repoussée au 22 avril, avant que les juges ne décident d’un nouveau report au 11 mai, puis au 10 juin. Las, le Jour J le tribunal n’est pas davantage convaincu : "aucune offre ne présente de garanties sérieuses de viabilité économique, la pérennité de l'ensemble cédé ne paraissant pas assurée", ont estimé les juges. Avant de fixer une nouvelle audience le 25 septembre.

Un report indispensable ou fatal ? Les juges ont justifié ce nouveau report comme étant nécessaire pour que les repreneurs potentiels améliorent leurs offres. Sauf que ce n’est pas la première fois que le tribunal utilise cette technique, sans que cela ne débloque la situation. Ce nouveau report n’est-il pas celui de trop ?

Pour les optimistes, ces trois mois supplémentaires étaient nécessaires à plus d’un titre. D’abord parce qu’une reprise mal négociée aurait pu déboucher sur un conflit social … en pleine période estivale, durant laquelle la SNCM réalise la majeure partie de son chiffre d’affaires. Trop risqué pour une entreprise aussi mal en point et qui ne peut prendre le risque de faire fuir ses derniers clients. Autre avantage de ce nouveau délai : il doit permettre aux candidats d’améliorer leur offre pour que le tribunal en trouve une assez sérieuse. Autant d’arguments qui ont conduit les délégués syndicaux de l’entreprise à se féliciter de ce nouveau report.

Sauf que du côté des pessimistes, ce énième délai est le signe que la SNCM sera bien difficile à redresser et représente donc une perte de temps. C’est notamment le point de vue de l’actionnaire principal, Transdev, qui a estimé mercredi que cette décision "malheureusement repousse une nouvelle fois les échéances auxquelles la SNCM devra inévitablement faire face". D’autant qu’en repoussant de trois mois l’échéance, la justice prend le risque d’aggraver un peu plus la situation de la SNCM : aux yeux des institutions européennes, les aides d’Etat dont bénéficie l’entreprise peuvent être considérées illégales. Mais Bruxelles était prêt à tourner la page si la SNCM trouvait rapidement un repreneur. Rallonger la période hybride dans laquelle est la SNCM, c’est prolonger d’autant le versement d’aides d’Etat et donc prendre un peu plus le risque de devoir les rembourser.

Lors de ce dernier tour de table, trois candidats étaient encore en lice : Baja Ferries - en faveur de laquelle avait requis le procureur lors de l'audience du 27 mai -, le groupe corse Rocca et l'ex-directeur du port de Marseille Christian Garin. Dans le meilleur des cas, elles prévoyaient de reprendre environ 900 des 2.000 salariés.