La transition énergétique est bien lancée mais…

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ENVIRONNEMENT -

Gouvernement et ONG dressent un premier bilan contrasté de cette réforme, un an après son adoption.

Il y a tout juste un an, la France s’apprêtait à accueillir la Cop 21 et votait la loi de transition énergétique pour montrer son volontarisme en matière de protection de l’environnement. La ministre de l’Environnement Ségolène Royal promettait alors de rapidement publier les décrets d’application pour ne pas perdre de temps. Un an plus tard, c’est l’heure d’un premier bilan. Si le gouvernement se félicite des avancées réalisées et "que la vie de nos concitoyens soit changée", les ONG sont plus sceptiques.

Une feuille de route pour rendre la France plus verte. Le 22 juillet 2015, les parlementaires adoptaient définitivement la loi sur la transition énergétique. Objectif affiché : faire en sorte que la France consomme mieux et moins d’énergie, notamment d’origine nucléaire. Pour y arriver, cette vaste réforme prévoit de développer les énergies renouvelables, d’accentuer le recyclage des déchets, d’accompagner l’essor des véhicules électriques et d’améliorer l’efficacité énergétique – notamment dans l’immobilier. Sans oublier l’instauration d’un chèque énergie pour les ménages les plus précaires et l’interdiction des sacs en plastique à usage unique, qui vient tout juste d’entrer en application. 

LE BILAN

Energies renouvelables : mention bien. François Hollande s’est félicité d’une "capacité installée de nos énergies renouvelables qui va doubler d’ici 2023. Les premiers appels d’offre pour le développement de ces nouvelles technologies sont d’ores et déjà lancés". Sur ce chapitre, gouvernement, associations et entreprises sont sur la même longueur d’ondes. Le bilan est "globalement satisfaisant", a estimé le président du Syndicat des énergies renouvelables (SNE). Le Réseau Action Climat (RAC), qui fédère de nombreuses ONG, se félicite lui aussi du coup de pouce accordé à ce secteur et de la levée de nombreux freins réglementaires. En revanche, le RAC juge le dispositif trop complexe, tandis que les professionnels attendent que le mécanisme de soutien financier à ces énergies soit validé par l’Union européenne.

Nucléaire : mention passable. L’analyse du chapitre nucléaire, qui prévoit de réduire la part de l'atome de 75% à 50% de la production d'électricité à l'horizon 2025, est bien plus contrastée. Côté pile, le président de la République a répété que "les engagements seront tenus" et que la plus vieille centrale en activité, celle de Fessenheim, serait bien fermée. De leur côté, les ONG soulignent que la méthode pour atteindre cet objectif chiffré n’a toujours pas été détaillée. "Le compte n’y est pas", regrette leRAC, estimant que la méthode proposée par le gouvernement ne permettra, au mieux, de réduire la part du nucléaire qu’à 65%, et non à 50%. "L'heure n'est pas à la fête! Les objectifs de la loi ne seront jamais atteints avec ce texte", s'est insurgé Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie à Greenpeace.

Bâtiment et efficacité énergétique : peut mieux faire. La meilleure manière de réduire la consommation d’énergie est d’améliorer l’efficacité énergétique des logements par le biais d’une meilleure isolation ou d’un système de chauffage plus moderne. Le gouvernement a donc mis en place un crédit d’impôt pour inciter les propriétaires à rénover leurs logements, une incitation fiscale qui a déjà permis de généré 5 milliards d'euros de travaux, selon Ségolène Royal. Mais les ONG sont moins enthousiastes : le RAC souligne qu’il n’y a "pas de réforme engagée pour simplifier et rendre plus efficaces les financements de la rénovation". Pour France Nature Environnement (FNE), les dispositions prises ne permettront pas d’atteindre l’objectif de 500.000 rénovations par an à partir de 2017.

Emplois verts : des progrès à confirmer. Selon le ministère de l'Environnement, la "croissance verte" a déjà permis la création ou le maintien de quelque 20.000 emplois en France, sur un objectif affiché de 100.000, notamment dans l'éolien, le solaire, l'isolation thermique et l'individualisation des frais de chauffage. "Ce sont des milliers d'emplois et en plus, c'est en train de s'accélérer", s'est félicitée Ségolène Royal. Réseau Action Climat partage cet enthousiasme, estimant que "la transition énergétique est un formidable gisement d'emplois non délocalisables". Mais l’association ajoute que cette dynamique ne pourra se poursuivre que si le gouvernement ne ralentit pas son action.