La transition énergétique fera perdre 13 milliards d'euros au fisc d'ici à 2030

L'électrification du parc automobile pourrait grignoter les recettes de l'État, notamment en matière de fiscalité sur le carburant.
L'électrification du parc automobile pourrait grignoter les recettes de l'État, notamment en matière de fiscalité sur le carburant. © JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP / Crédit photo : JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
La transition énergétique fera perdre 13 milliards d'euros aux recettes de l'État d'ici à 2030, en fiscalité sur les carburants, et 30 milliards d'ici à 2050, estime la Direction générale du Trésor qui estime que 110 milliards d'euros d'investissements supplémentaires par an seront nécessaires pour les projets de décarbonation.

La transition énergétique fera perdre 13 milliards d'euros aux recettes de l'État d'ici à 2030, en fiscalité sur les carburants, et 30 milliards d'ici à 2050, estime la Direction générale du Trésor dans un rapport à paraître mardi. La sortie des énergies fossiles implique une baisse des taxes sur ces énergies : à fiscalité inchangée, elles pourraient s'éroder "de 13 milliards d'euros à horizon 2030 et 30 milliards d'euros à horizon 2050", estime le Trésor dans ce rapport intermédiaire de l'étude sur "les enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone" qu'il publiera en 2024.

Ce document est publié à l'occasion des Rencontres de Bercy consacrées mardi au thème "Croissance et climat". Ces chiffres s'inscrivent dans le scénario d'un réchauffement mondial limité à 1,5°, pour lequel la France et l'Union européenne ont pris des engagements de réduction de leurs émissions nettes de gaz à effet de serre de 55% en 2030 par rapport à 1990, et de neutralité carbone en 2050.

Les investissements défavorables au climat pourraient se réduire

Le rapport observe que les pays scandinaves, dont l'électrification du parc automobile a commencé plus tôt, font déjà face à ce phénomène d'érosion des recettes, et que "plusieurs pays européens réagissent en mobilisant davantage d'autres sources de recettes au sein du secteur routier" comme les péages urbains ou la réduction des subventions aux véhicules électriques à mesure que leur prix d'achat baisse.

 

Par ailleurs, le rapport estime que 110 milliards d'euros supplémentaires par an (en brut, par rapport à 2021) en investissements privés et publics seront nécessaires pour les projets de décarbonation. Il n'a pas encore d'estimation pour 2050. Parallèlement, les investissements défavorables au climat pourraient se réduire, de 37 milliards par an en 2030 par exemple, grâce à la montée en charge des véhicules électriques et aux efforts de sobriété.

"À long terme, la transition sera bénéfique à l'économie" 

Malgré ces coûts, la direction du Trésor rappelle "qu'à long terme, la transition sera bénéfique à l'économie et au bien-être" par rapport au statu quo, et elle encourage très fortement à une forte anticipation des mesures à prendre. Les rencontres de Bercy réuniront mardi au ministère de l'Économie et des Finances plusieurs ministres, Bruno Le Maire (Économie), Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique) et Christophe Béchu (Transition écologique) avec des experts comme Bill Gates, co-président de la Fondation Bill et Melinda Gates, ou Jean Pisani-Ferry, co-auteur d'un rapport au printemps sur "les incidences économiques de l'action pour le climat".