La gestion de la ville de Marseille se voit étrillée par la Chambre régionale des comptes. Avec plus de 12.000 agents, la masse salariale de la municipalité atteint plus de 510 millions d'euros. Ce mastodonte représentait environ 60% des dépenses totales de fonctionnement de la ville fin 2017. Au total, "le surcoût induit par cette mauvaise gestion des départs […] est évalué à près de 61 millions d'euros entre 2012 et 2017", peut-on lire dans l'un des deux rapports relayés vendredi. Enfin, la chambre "constate que la situation financière de Marseille reste préoccupante, malgré les tentatives de maîtrise des dépenses entreprises au cours des derniers exercices."
Pour les riverains croisés dans les rues de Marseille, ce verdict est loin d’être une surprise. Ainsi, Nicolas, un père de famille, se dit déçu par les services de sa ville. "Il est rare que les éboueurs ne soient pas en grève, les routes sont défoncées… tout cela ne m’étonne pas du tout", explique-t-il à Europe 1. "Cela fait des années que ça dure. Tous les jours, on a l’impression que rien ne marche. On paye toujours et on ne sait pas où va l’argent."
La ville gérerait également mal son parc immobilier. De quoi faire bondir les Marseillais imposables, comme Lionel, un autre riverain interrogé par Europe 1. "On sait que l’on est dans une ville très endettée, on paye des impôts locaux incroyables", s’agace-t-il. "Ils sont en roue libre, c’est mal géré. On l’a bien vu avec ce qui s’est passé rue d’Aubagne. Tout le monde dit : 'Oui mais c’est Marseille'. Mais pour moi, ça n’est pas normal."
"La majorité ne comprend pas qu’en 2020 on ne peut pas gérer Marseille comme dans les années 1980"
Selon ces rapports, les difficultés rencontrées par la ville auraient pour origine commune "une absence de stratégie claire et une insuffisance dans le pilotage de ses actions, par ailleurs peu économes des deniers publics". "Ce sont des années d’abandon, et de cynisme. On a laissé s’écrouler les écoles qui sont dans un état catastrophique, et les dettes financières s’étaler d’année en année", dénonce pour sa part Benoît Payan, le président du groupe PS marseillais. "On perd des millions d’euros parce que la majorité est incapable de gérer correctement une ville. Elle ne comprend pas qu’en 2020 on ne peut pas gérer Marseille comme dans les années 1980."
Pour ce conseiller municipal, la majorité LR est restée sourde aux avertissements de son opposition. "On a expliqué que le partenariat public-privé sur le stade Vélodrome était une gabegie financière. On a expliqué qu’il fallait rationaliser, aider nos agents municipaux à travailler différemment. Cela faisait rire la majorité municipale", rapporte-t-il. "Aujourd’hui, la Chambre des comptes nous donne raison et met en lumière une gestion dépassée, archaïque, une gestion que les Marseillais ne méritent pas."
De son côté, Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, non candidat à sa succession, a "regretté, que sur la base notamment des réponses que la Ville a apportées, le rapport d'observations définitives de la chambre n'ait pas appliqué suffisamment les règles d'un jugement équilibré".