Les boîtes noires commencent à parler. L'analyse de celles de l'A400M, qui s'est écrasé le 9 mai en Espagne et a fait quatre morts, confirme "un sérieux problème dans l'assemblage final", a déclaré un haut responsable d'Airbus au journal allemand Handelsblatt vendredi. "Les boîtes noires le confirment. Il n'y pas de défaut structurel, mais nous avons un sérieux problème de qualité dans l'assemblage final", affirme Marwan Lahoud, directeur de la stratégie du groupe aéronautique européen.
Un logiciel mal téléchargé ? "Nous avons pris connaissance pour la première fois hier (mercredi) des résultats, ils confirment nos analyses internes", a précisé Marwan Lahoud au quotidien des affaires allemand. Le programme de contrôle des moteurs a été mal installé sur cet avion militaire au moment de l'assemblage final, ce qui a pu conduire à une panne de moteurs et au crash, écrit le Handelsblatt. Ce "programme de contrôle" est un logiciel qui permet d'informer le pilote, de lui assurer que tout fonctionne bien dans les moteurs. Il aurait été mal téléchargé à la sortie de la chaîne d'assemblage. Une hypothèse déjà soulevée par les ingénieurs d'Airbus il y a dix jours, lors d'un essai en vol sur un A400 M.
Pas "une cause unique". Airbus DS, la division d'Airbus chargée de la défense et de l'espace, a toutefois déclaré qu'il fallait attendre la fin de l'enquête pour réellement connaître les causes de l'accident. "Donc, tant que le CITAAM (le bureau d'enquêtes et d'analyses aéronautique espagnol, ndlr) n'a pas communiqué (à ce sujet), il est trop tôt pour déterminer les causes de l'accident". Selon elle, "comme pour tout accident, ce sera probablement une combinaison de facteurs et non une cause unique".
Airbus DS "soutient l'enquête et est en train d'analyser tous les éléments qui ont pu contribuer à l'accident, y compris les différentes opérations autour de l'assemblage de l'appareil, les moteurs et les préparatifs pour le premier vol". Airbus DS affirme également que les avions en service qui ont subi des vérifications à la suite d'une note d'alerte opérationnelle diffusée par le constructeur il y a quelques jours "sont à 100% protégés face à cette panne".
Des contrôles sur d'autres appareils. Le 19 mai, Airbus avait déjà ordonné à ses clients une inspection de leurs A400M, leur adressant une note d'alerte pour leur demander de contrôler le système de gestion électronique des moteurs. Dans cette note, il était demandé aux "exploitants d'effectuer des contrôles spécifiques et réguliers de l'ECU (l'unité de contrôle électronique, ndlr) sur chaque moteur de l'avion avant le vol et d'effectuer des contrôles supplémentaires après un éventuel remplacement de moteur ou de l'ECU". Mais, dans son communiqué, Airbus n'avait pas établi de liens entre ce problème potentiel et l'accident.
Coup dur. L'avion qui s'est écrasé effectuait un vol d'essai avant sa livraison à la Turquie qui était prévue pour juillet. A la suite de cet accident, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Turquie et la Malaisie avaient suspendu les vols des appareils en service.
Le crash de cet A400M a constitué un nouveau coup dur pour ce programme qui a accumulé retards et surcoûts. Au total, 174 A400M ont été commandés par huit pays : Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg, Turquie et Malaisie. Douze seulement sont en service à ce jour.