L'Allemagne bénéficie traditionnellement de relations sociales plutôt paisibles. 2015 fait exception à la règle puisque le pays a connu son année la plus chargée en grèves depuis 10 ans, avec deux millions de jours de grève.
Le nombre a été calculé an additionnant les jours de débrayage de chaque salarié ayant fait grève dans l'année. Constat sans appel : en 2015, les Allemands ont multiplié par cinq leurs jours de grève par rapport à l'année précédente (392.000), selon les chiffres compilés par l'institut de recherche économique WSI, associé à la fondation Hans-Böckler, proche des syndicats allemands.
"Année inhabituelle". Le nombre cumulé de grévistes, à 1,1 million, a également surpassé de beaucoup le chiffre de l'année précédente (345.000) mais ressort moins élevé qu'en 2008 ou en 2012. L'institut a qualifié 2015 d'année "inhabituelle", où toute une série de conflits sociaux, pour certains très longs mais sans rapport direct les uns avec les autres, ont été menés en parallèle.
Parmi eux, figure une longue grève des personnels des crèches publiques et un conflit chez Deutsche Post, qui à eux seuls sont responsables de 1,5 million de jours de grève. L'opinion publique gardera aussi de l'année le souvenir de grèves à répétition chez Deutsche Bahn, la compagnie ferroviaire publique allemande, et chez Lufthansa, sur fond de conflit de la direction à la fois avec ses pilotes et son personnel de cabine. Selon le WSI, "il est improbable que 2016 connaisse une nouvelle hausse du volume de grèves". Pour le moment, aucun conflit majeur ne se dessine, relèvent les experts.
La France loin devant. Par comparaison, et sur le long terme, les Allemands restent beaucoup plus parcimonieux que beaucoup d'autres dans leur recours à la grève. Avec 15 jours de grève par an pour 1.000 salariés en moyenne sur la période 2005-2014, ils sont loin derrière les Français (132), les Danois (124) ou encore les Espagnols (63), explique le WSI, mettant toutefois en garde contre les comparaisons internationales, du fait de spécificités nationales dans les modes de calcul. Le chiffre pour la France se réfère ainsi au seul secteur privé.