L'attractivité de la France reste élevée pour les investisseurs étrangers en 2019 même si elle a un peu fléchi par rapport à l'an dernier en raison de la crise des "gilets jaunes", selon une enquête des conseillers du commerce extérieur publiée vendredi.
Plus de 1.650 de ces conseillers travaillant dans 140 pays, souvent des chefs d'entreprise, ont répondu à un questionnaire entre la mi-février et la mi-mars après avoir pris le pouls d'investisseurs potentiels. Il en résulte un indice établi sur la base de 12 critères allant du coût de l'énergie à la qualité de la main d'oeuvre en passant par la fiscalité ou encore le climat social, qui s'élève à 62 sur 100 cette année, contre 64 en 2018 et 60 les trois années précédentes.
"Un effet de grâce Macron" en 2018
En 2018, "il y avait eu un effet de grâce Macron, on avait eu un emballement", a déclaré Gilles Bonnenfant, président de la commission Attractivité du Comité national des conseillers du commerce extérieur. "La France s'appuie toujours sur les mêmes forces" qui sont le faible coût de l'énergie, la bonne qualité des infrastructures et de la main d'oeuvre, la qualité de vie, les capacités d'innovation et de recherche, relève l'étude. Et d'accuser aussi les "mêmes faiblesses comme sa fiscalité ou le climat social qui y règne, qui devient le critère le plus mal noté, sans doute à cause de la crise des gilets jaunes".
Mais "fondamentalement, les investisseurs ont dit 'ça va passer', ça n'a pas eu d'effet énorme", notamment parce que ce mouvement social ne s'est pas traduit par des grèves, explique Gilles Bonnenfant.
"Le point qui fait le plus peur à l'investisseur, c'est la fiscalité"
Aujourd'hui "le vrai sujet est de savoir si notre pays peut aller plus loin sur un certain nombre de réformes", ajoute ce conseiller qui est aussi président du cabinet de conseil Eurogroup Consulting. Selon lui, "le point qui fait le plus peur à l'investisseur, c'est la fiscalité" dont il redoute surtout le manque de visibilité par rapport à de possibles évolutions futures et à une éventuelle rétroactivité.
Si l'attractivité de la France n'a que légèrement baissé, le sentiment de cette dégradation est en revanche largement partagé. Ainsi 69% des répondants estiment cette année que son attrait a baissé, contre 31% ayant un avis contraire. En 2018, 91% avaient jugé que l'attractivité du pays avait augmenté.
Il y a une semaine, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'était félicité que contrairement à ce qu'il avait lui-même anticipé, "la crise des 'gilets jaunes' n'a pas eu d'impact sur l'attractivité de la France". Il avait attribué cette résilience aux mesures du gouvernement "sur la transformation de la fiscalité du capital, la transformation du marché du travail, le crédit impôt recherche".