Air France-KLM a vu son bénéfice net s'envoler à 480 millions d'euros au troisième trimestre, contre 86 millions un an plus tôt. Le chiffre d'affaires augmente, lui, de 4,2%,à 7,2 milliards.
De Juniac ne sort pas les trompettes. Le PDG du groupe aérien Alexandre de Juniac, cité dans un communiqué, a salué cette amélioration des résultats. Mais il a estimé qu'elle "ne permettait cependant ni de combler le différentiel de compétitivité avec [ses] concurrents ni de disposer des moyens de financer la croissance du groupe". Le groupe souligne encore que "le déséquilibre entre l'offre et la demande se poursuit sur plusieurs marchés importants, se traduisant par une pression durable sur les recettes".
Les faibles résultats de 2014 s'expliquaient en partie par la forte grève qui avait agité le groupe cette année-là. Outre l'impact de la grève de l'an dernier, Alexandre de Juniac a tout de même lié le redressement des résultats à "un environnement favorable, principalement marqué par la baisse du prix du carburant et par une forte demande à l'été".
Réductions des coûts : Air France ne recule pas. Le dirigeant salue également le plan de réduction de coût Transform 2015 et en appelle à poursuivre les efforts, seule manière selon lui de confirmer le redressement. De nouvelles mesures ont été proposées dans le cadre d'un plan de productivité et de croissance "Transform 2020" avec pour objectif d'atteindre, à l'horizon 2017, plus de 700 millions d'euros de résultat d'exploitation, une baisse de 8,5% des coûts unitaires et une rentabilité pour 80% des lignes long-courriers contre 50% actuellement. Air France prévoit également 1.000 suppressions de postes en 2016, et potentiellement 1.900 de plus l'année suivant en l'absence d'accord sur la compétitivité avec les pilotes, qui refusent de travailler plus pour le même salaire.
Le bras de fer va continuer. Les syndicats, eux, comptent bien utiliser ces bons résultats financiers comme un argument dans les discussions en cours avec la direction. "Le problème est que cette histoire de réduction des coûts, je l'entends depuis que je suis entré dans la compagnie 1987. Alors oui l'amélioration des comptes va peser sur la négociation", assure sur Europe 1 Didier Dague, de FO Air France. "On a un marché aérien mondial en croissance. Mais on a des dirigeants qui déclarent que l'avenir de la compagnie, c'est la réduction de la flotte. C'est un raisonnement très court terme qui va détruire l'entreprise. Lorsqu'on n'aura plus de salariés, on ne pourra pas rattraper nos concurrents", renchérit Christophe Pesanti, du syndicats de pilotes Alter.