Le chantier de la COP21 emploie bien des travailleurs détachés

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G.V. avec AFP
Le recours à ce type de travailleurs pose question alors que le taux de chômage est particulièrement élevé dans la région et que les carnets de commande des entreprises du bâtiment sont loin d'être remplis.

Le symbole n'est pas idéal, surtout dans une période où le secteur du bâtiment tourne au ralenti. Environ 250 travailleurs détachés participent au chantier de la COP21, au Bourget, a confirmé jeudi l'organisation de la conférence sur le climat.

Des travailleurs venus d'Europe de l'Est. France 2 avait affirmé mercredi soir dans un reportage que le chantier de la COP21 employait au moins 200 "travailleurs détachés" venus d'Europe de l'Est et qu'en matière d'emploi, il n'avait guère bénéficié aux habitants d'Ile-de-France. "Sur les 3.400 salariés employés à la construction du site de la conférence, environ 250 sont des travailleurs détachés de nationalité européenne. Tous ont fait l'objet d'une déclaration à l'administration", a réagi le secrétaire général de la COP21, Pierre-Henri Guignard.

Un choix des sous-traitants. Et l'organisateur de la COP21 de préciser que le recours à ce type de contrat a été décidé par les sociétés en charge du chantier et que l'Etat ne pouvait rien y faire. Le chantier de la COP21 "fait appel à près de 60 prestataires, dans le cadre de marchés publics européens" qui "peuvent, dans le respect des lois et réglementations françaises, recourir à des sous-traitants", a-t-il ajouté. Avant de rajouter : "la réglementation européenne ne permet pas d'interdire à un donneur d'ordre de recourir à de la sous-traitance ponctuelle à une autre entreprise européenne (...) ou à une prestation technique spécifique, dès lors qu'il respecte les règles du détachement des travailleurs européens".

Les travailleurs détachés de plus ne plus surveillés. Pour rappel, encadré par une directive européenne de 1996, le détachement permet à une entreprise européenne d'envoyer temporairement ses salariés en mission dans d'autres pays de l'Union européenne, en n'appliquant que le noyau dur de leur réglementation (Smic, conditions de travail) tout en continuant de payer les cotisations sociales dans le pays d'origine. Mais le système, avantageux pour les entreprises, fait l'objet de nombreux détournements, notamment dans le bâtiment: non déclaration, rémunérations très inférieures au Smic, dépassement des durées maximales de travail, hébergement indigne, etc. 

Pour éviter les polémiques sur un sujet sensible, le gouvernement a promis de multiplier les contrôles. Ainsi, "les 500 plus grands chantiers en France ont été contrôlés entre le mois d'août et le mois de septembre", a indiqué la ministre lors d'une visite jeudi après-midi du chantier du prolongement de la ligne 14 à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).

L'emploi local, l'autre enjeu du chantier de la COP21. Le recours à des travailleurs détachés attire d'autant plus l'attention que l'Etat avait promis de privilégier le recours à des travailleurs de Seine Saint-Denis, un département particulièrement touché par le chômage. Pierre-Henri Guignard a ainsi affirmé avoir "travaillé depuis plus d'un an avec la Direction de l'emploi du Conseil départemental du 93 (Seine-Saint-Denis) afin de favoriser le recrutement dans le département". "Plusieurs de nos prestataires ont également travaillé de façon très rapprochée avec les services locaux", a-t-il affirmé. Ainsi, la société Derichebourg, "qui emploie 300 personnes sur le site de la COP21 pour la gestion des déchets, a recruté 100 personnes dans le bassin d'emploi", précise-t-il à titre d'exemple.