Le contrôle des chômeurs étendu à toute la France dès septembre

pole emploi 1280x640
© PHILIPPE HUGUEN / AFP
  • Copié
François Geffrier avec
Pôle emploi recrute en interne 200 agents dont la tâche sera exclusivement de contrôler 180.000 chômeurs par an.

"Je demande à Pôle emploi de renforcer les contrôles pour être sûr que les gens cherchent bien un emploi". Cette phrase, c'est le ministre du Travail, François Rebsamen, qui l'a prononcé en septembre 2014, précisant que dans le cas contraire, une "sanction" est nécessaire. Même si le ministre va bientôt quitter son poste afin de reprendre la tête de la mairie de Dijon, sa phrase, elle, a fait son oeuvre. Du côté de Pôle emploi en effet, les contrôles se sont bien renforcés. Et après une expérimentation dans trois régions, ils devraient être généralisés à partir de fin septembre avant un premier bilan en décembre.

200 agents pour 180.000 chômeurs. Fin septembre, c'est un dispositif rôdé qui va être mis en place. Depuis 2014, trois régions l'ont déjà appliqué, Paca, Franche-Comté et Poitou-Charentes, avec un bilan compris entre 8 et 35% de radiations selon les endroits. En tout, sur les 6.500 demandeurs d'emplois visés, 1.000 ont été radiés. Pour généraliser ces contrôles, Pôle emploi recrute actuellement en interne 200 agents dont la mission sera entièrement dédiée au contrôle.

Qui sera contrôlé ? Face à l'impossibilité de vérifier la recherche d'emploi des 3,5 millions de chômeurs inscrits en catégorie A, seuls 180.000 chômeurs seront visés par ces contrôles. Pôle emploi tirera au sort les élus mais certains seront aussi spécifiquement ciblés. Par exemple, un demandeur d'emploi qui peine à retrouver un poste, alors qu'il est jeune et que son secteur emploie, sera plus facilement contrôlé. 

Questionnaire et entretien. Le chômeur visé par un contrôle devra apporter la preuve qu'il fait "des actes positifs de recherche d'emploi". Pour cela, il recevra dans un premier temps un questionnaire où il renseignera les démarches qu'il a effectuées pour trouver du travail, ou encore les entreprises qu'il a contacté.

Selon ses réponses, il pourra recevoir un appel du contrôleur afin de fournir des explications complémentaires, voire être convoqué à un entretien en tête-à-tête. Une extrémité qui trouvera vite ses limites puisque chaque agent dédié au contrôle aura 900 dossiers à charge par an.

Les syndicats ne veulent pas d'un contrôle-sanction. S'il est avéré que le chômeur ne fournit pas les efforts attendus, il sera radié des fichiers de Pôle emploi et perdra ses allocations. "Un processus de redynamisation" sera néanmoins proposé à ceux qui semblent découragés par la recherche d'emploi.

Mais pour les syndicats, pas question que ces contrôles se transforment en flicage, comme l'explique Pascal Neuzan de la CFDT : "le contrôle ne doit en aucun cas être une chasse du chômeur pour infléchir la courbe du chômage ou augmenter le nombre de radiations". "Pour nous, le contrôle, c'est le fait de renforcer l'accompagnement et non pas un acte de sanction", ajoute-t-il au micro d'Europe 1.