Après le cuir d'ananas, voici la peau de poisson tannée. C'est ce que réalise une PME lyonnaise, Ictyos, qui a décidé d‘exploiter les 50 000 tonnes de déchets annuels issus de la consommation française. L'entreprise française récupère en effet la peau et les arêtes de poisson condamnés à finir dans les poubelles. Le résultat ressemble à s’y méprendre à un superbe cuir souple de lézard. Et là ne s'arrête pas le coup de maître de ces trois ingénieurs chimistes : ils ont mis au point une tannerie fonctionnant non pas avec des métaux polluants mais avec des matières végétales.
Voilà un beau contre-pied, alors que le cuir traditionnel n'a plus la côte, victime du phénomène vegan. Disons-le, le cuir traditionnel est carrément indésirable et pas vraiment écologique. Cette industrie provoque la mort d’un milliard de bêtes chaque année... sans compter les tanneries qui contaminent les rivières avec leurs eaux usées.
L'univers de la mode et du luxe l'a bien compris, et Ictyos, avec son cuir marin, compte bien les séduire avec ses produits. Des créateurs et de grandes maisons suisses et italiennes sont déjà tombées sous le charme des premiers échantillons. Alors les esprits vegan et bobo-cool seront sans doute comblés par ce cuir durable. Reste maintenant à faire avaler la pilule aux clientèles plus bling-bling, russes, chinoises ou du Moyen-Orient... Vont-elles se ruer sur des peaux récupérées dans des poissonneries et se délester de plusieurs milliers d’euros pour une montre en or avec un bracelet en peau d’esturgeon ou de saumon ?
Qu'ils se rassurent, le cuir marin ne sent ni le poisson ni la marée. Mais j'ai appelé une enseigne française très prestigieuse pour savoir si elle comptait repenser ses classiques pour créér des "hit bag" en peau de sardine : j’attends toujours la réponse...