Le gendarme boursier français accorde une dérogation à Casino pour se restructurer

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L'Autorité des marchés financiers (AMF) a accordé mercredi une dérogation au distributeur en grandes difficultés financières Casino, pouvant permettre à un consortium mené par le milliardaire Daniel Kretinsky de restructurer sa dette.

"L'Autorité des marchés financiers a octroyé, dans sa séance du 9 janvier 2024, la dérogation au dépôt obligatoire d'un projet d'offre publique visant les titres de la société Casino", a écrit le gendarme boursier français dans un document rendu public mercredi. Le consortium n'aura donc pas à déposer un projet d'offre publique visant les actions de Casino.

Pour justifier la "situation avérée de difficulté financière" de Casino, l'AMF a invoqué dans ses conclusions "la forte dégradation des résultats semestriels" du groupe, sa dette très importante, ainsi que l'existence d'une procédure de conciliation ayant abouti à l'ouverture d'une procédure de sauvegarde accélérée.

Plusieurs conditions pour sa restructuration financière

Le distributeur a réagi dans un communiqué, rappelant que la réalisation de sa restructuration financière restait encore soumise "à la satisfaction" de plusieurs conditions : l'approbation de différentes autorités de la concurrence "autres que la Commission européenne", qui a donné son feu vert début janvier sur ces questions ; l'autorisation du ministère de l'Économie sur les investissements étrangers et de la Commission européenne sur les questions de subventions étrangères.

 

Le groupe ajoute qu'il lui faut aussi l'autorisation par l'Autorité luxembourgeoise des assurances pour le changement de contrôle indirect de Casino RE (filiale de réassurance du groupe) et l'"arrêté des plans de sauvegarde accélérée de Casino, Casino Finance, Distribution Casino France, Casino Participations France, Quatrim, Monoprix et Ségisor par le tribunal de commerce de Paris".

Un vote jeudi sur le projet d'augmentation de capital par les candidats à la reprise

Casino avait signé en juillet un accord prévoyant la restructuration de sa dette et un changement d'actionnariat à l'horizon mars-avril 2024. Les administrateurs judiciaires au chevet du groupe ont convoqué actionnaires et créanciers "pour se prononcer" d'ici au 11 janvier "sur les projets de plan de sauvegarde accélérée".

Ils doivent notamment voter jeudi sur le projet d'augmentation de capital par les candidats à la reprise, qui va fortement diluer les participations des actionnaires actuels. Le plan prévoit aussi un fort écrasement de la dette, autour de 5 milliards d'euros, lésant les créanciers du groupe.

En parallèle, le distributeur stéphanois est entré en décembre "en négociations exclusives" avec Intermarché et Auchan pour céder "la quasi-totalité" de son parc de magasins de grande taille, hyper et supermarchés. Cela inquiète les représentants des salariés du groupe, qui, réunis en intersyndicale, ont déposé un nouveau préavis de grève allant du 9 janvier au 5 février, selon un communiqué de cette intersyndicale (FO, CGT, CFDT, UNSA et CFE-CGC) publié lundi.