Le groupe d'habillement et de chaussures Vivarte a annoncé mardi la cession du chausseur André (135 magasins, 786 salariés), comme l'annonçait Europe 1 dès le 4 janvier. L'enseigne sera mise en vente dès mercredi et un repreneur, dont le nom n'a pas été précisé aux représentants des salariés, a été trouvé, selon les annonces faites en comité central d'entreprise extraordinaire (CCE) à Paris, selon les mêmes sources. Vivarte s’est déjà séparé de plusieurs marques comme Kookaï, Chevignon, Pataugas.
Une vente "probable". Devant les craintes des syndicats quant à l'avenir d'André, depuis l'annonce en septembre selon laquelle 55 magasins allaient être cédés, la direction du groupe en difficulté avait démenti début janvier toute velléité de vente de la marque de chaussures. Mais lundi, en comité de groupe, le nouveau Pdg, Patrick Puy, avait fini par concéder que la cession d'André était "probable".
Lors de cette réunion de lundi, Vivarte a annoncé le lancement de deux plans sociaux. Le premier à la Halle aux chaussures où entre 700 et 800 postes supprimés selon les syndicats, et quelque 140 magasins vont être fermés. Selon la CGT, plus de 730 postes seront supprimés avec la fermeture sèche de 141 magasins, la fusion de 41 autres avec des points de vente La Halle, ainsi qu'en raison de la fusion des sièges des deux enseignes. La CFDT a évalué de son côté à environ 800 le nombre de postes qui seront supprimés avec la fermeture de 133 à 140 magasins.
L'autre plan social concerne Vivarte services, la filiale fonctions support du groupe. Il prévoit la suppression de 57 postes sur un total de 250 et le transfert ou l'externalisation de 75 postes. "Certaines enseignes" pourraient également être cédées mais la direction n'a pas préciser lesquelles. Des réponses devraient être apportées dans la journée à l'occasion de CCE extraordinaires dans plusieurs enseignes du groupe.
Changement de ligne. André, entreprise fondée en 1896, est la marque emblématique de Vivarte, à tel point que jusqu'en 2001, le groupe s'appelait... André. Jusqu'en 2010, Vivarte avait une activité florissante grâce à son positionnement particulier : des produits de qualité à prix raisonnables. Progressivement, les ventes baissent et le groupe souffre de la concurrence. De nouveaux dirigeants sont nommés et prennent des décisions radicales : les marques de Vivarte doivent monter en gamme et se lancer dans le "fast fashion", un renouvellement régulier des collections.
Dans certaines enseignes, les prix grimpent jusqu'à 30% : la clientèle est désorientée. Dans le même temps, Vivarte négocie mal le passage sur le web. La Halle, André et les autres sont peu présentes sur Internet. Résultat, l'image des marques vieillit. Le nouveau positionnement ne compense pas les ventes en baisse. Certaines enseignent coulent : André perd 10 millions d'euros par an. Vivarte a donc fait le choix de s'en séparer.
Christophe Martin, délégué CGT est sorti dégoûté de la réunion : "Le PDG ne veut que rembourser la dette, il veut du cash donc il vend. Les salariés aujourd'hui on s'en fout. Tout ce qu'on espère, c'est avoir un beau repreneur qui nous reprenne dans la totalité", affirme-t-il au micro d'Europe 1.