Le maintien de Carlos Ghosn comme président de Nissan est au cœur de la réunion du conseil d'administration du géant japonais de l'automobile ce jeudi, qui votera sur son éventuelle limogeage après son arrestation pour malversations financières. Mitsubishi Motors (MMC) prévoit, quant à lui, de le "démettre rapidement" : un conseil doit se tenir la semaine prochaine, selon un porte-parole de la société.
Garde à vue prolongée. Le tout-puissant patron du numéro un mondial de l'automobile Renault-Nissan-Mitsubishi est en détention au Japon, soupçonné d'avoir minoré de près de la moitié ses rémunérations dans ce pays. Son arrestation lundi a fait l'effet d'un coup de tonnerre dans le secteur automobile mondial. Si le conseil d'administration de Nissan le démet jeudi après-midi, cela constituera une chute spectaculaire pour ce multi-millionnaire âgé de 64 ans, jusqu'à peu révéré pour avoir redressé Nissan et sauvé Mitsubishi. Mercredi, le tribunal de Tokyo a décidé de prolonger de 10 jours sa détention afin de poursuivre les investigations en cours sur des soupçons de malversations financières, selon les grands médias japonais.
Chez Renault, une gouvernance "provisoire". Au lendemain de l'arrestation à Tokyo de Carlos Ghosn, une nouvelle direction par intérim a été mise en place chez Renault et le gouvernement français tentait de se montrer rassurant quant à l'avenir du constructeur au losange, dont l'État détient 15%. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a ainsi assuré, devant la presse à Paris, qu'une gouvernance "solide" mais "provisoire" était en place chez Renault afin de permettre au groupe de poursuivre ses activités.
Le conseil d'administration du constructeur français a pris mardi soir des mesures pour assurer l'intérim de Carlos Ghosn, qui conserve pour l'heure sa place de PDG. Le numéro deux de l'entreprise, Thierry Bolloré, s'est vu confier "à titre provisoire" la direction exécutive du groupe et dispose désormais des "mêmes pouvoirs" que le PDG.
Le Maire rencontre son homologue japonais. Après avoir répété son attachement à l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Bruno Le Maire a annoncé qu'il allait rencontrer jeudi après-midi son homologue japonais, Hiroshige Seko, pour évoquer cette association ainsi que sa "prolongation". La question clef reste de "préserver les intérêts de Renault et d'assurer la pérennité de l'alliance", a-t-il noté.
Il aurait "minimisé sa rétribution". Le parquet japonais reproche au Franco-Libano-Brésilien d'avoir "conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015", en déclarant une somme totale de 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros) au lieu de près de 10 milliards de yens. Côté français, "nous ne disposons, à l'heure où je vous parle, d'aucune preuve justifiant les charges qui pèsent actuellement contre M. Carlos Ghosn", a indiquéBruno Le Maire.