Vous avez probablement déjà croisé leurs agents dans les couloirs de votre entreprise, ou dans un train de la SNCF. Onet, le numéro un français du secteur de la propreté, fort de ses deux milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, se démarque notamment par une gouvernance inédite pour un groupe de cette taille : l’entreprise familiale, créée en 1860 à Marseille, est actuellement dirigée par deux femmes, Élisabeth Coquet Reinier et sa fille, Émilie de Lombarès qui, à 36 ans, vient d’accepter de reprendre les rênes. Elle est jeudi l’invitée de l’Interview éco d’Emmanuel Duteil.
Écoutez l'interview intégrale d'Emilie de Lombarès à 22h20 dans le journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.
"Les femmes ne vont pas forcément chercher les postes supérieurs"
"Quand on est dans une entreprise familiale, on fait un vrai choix de famille de travailler sur le suivi de l’entreprise, de le passer à d’autres générations. Mon implication elle vient de là", confie Emilie de Lombarès, membre de la 5e génération de la famille qui dirige l’entreprise depuis plus de 150 ans. Pour la première fois de son histoire, le groupe est dirigé par deux femmes, ce qui en fait un ovni dans le paysage économique français actuel. Mais cela change-t-il quelque chose ?
"Non, je pense que cela ne change rien au quotidien qu’une entreprise soit dirigée par une femme ou par un homme. Par contre, en termes de message, ce qui est important pour moi, ce sur quoi je veux capitaliser dans mon entreprise, c’est de dire aux managers : allez chercher les femmes, et allez chercher les compétences !", lance-t-elle sur Europe 1. Mais si la dirigeante veut impliquer les managers, elle en appelle également aux femmes elles-mêmes. "Le vrai sujet aujourd’hui, c’est que les femmes ne vont pas forcément chercher les postes supérieurs. Les femmes réclament moins. L’enjeu que l’on a sur la diversité, c’est celui-là", martèle-t-elle.
"Nos salariés sont fiers de ce qu’ils font. Mais il y a cette image dévalorisée"
Autre combat de la dirigeante : le recrutement. L’entreprise, qui compte déjà 70.000 salariés (80% en CDI, 60% à temps partiel), a embauché 2.700 personnes en 2018, et prévoit encore 3.000 embauches l’an prochain. Problème : les métiers du secteur de la propreté ou encore de la sécurité, proposés par le groupe, sont peu valorisés. Et l’entreprise peine parfois à recruter.
"Nos salariés sont fiers de ce qu’ils font. Mais il y a cette image dévalorisée. On le constate. Notre combat, c’est donc de demander aux gens : est-ce que lorsque vous voyez l’un de nos agents, vous leur dîtes bonjour ? Est-ce que vous leur faîtes un sourire ?", développe Emilie de Lombares. Qui enchaîne : "On doit travailler sur l’attractivité. Nous avons des formations, un parcours diplômant. Ces métiers touchent à l’humain, aux ressources humaines, à la communication… Aujourd’hui, 20% des directeurs agence viennent du terrain. 80% des postes de maitrises viennent du terrain. L’important, c’est de rappeler qu’il y a la possibilité d’avoir un parcours."
Ces défis, la dirigeante trentenaire se dit prête à les relever. Entraînera-t-elle ses enfants dans l’aventure, quand viendra leur tour ? "J’espère qu’ils s’y intéresseront", concède-t-elle, même si elle ne leur imposera rien.