C'est une barre symbolique qui témoigne à la fois d'un marché immobilier dynamique et d'opportunités de plus en plus maigres d'acheter lorsqu'on appartient à la classe moyenne : Paris vient de franchir la barre symbolique des 10.000 euros le mètre carré, en moyenne. Plusieurs réseaux immobiliers l'avaient déjà annoncé, mais les notaires l'ont confirmé jeudi matin.
Un héritage nécessaire pour acheter ?
Roman est directement touché par cette hausse soutenue et continue des prix : quand il est devenu père de famille, il a fait ses comptes. Percevant avec sa compagne 7.000 euros par mois et disposant de taux très bas, il espérait acheter un 60 mètres carrés dans le 11e arrondissement de la capitale.
" Plus on avance dans le temps, plus ça va être impossible "
"On est allés voir notre banque plusieurs fois et on a étudié plusieurs scénarios", raconte-t-il au micro d'Europe 1. "Mais il faut se résoudre à une forme de réalité : aujourd'hui, on ne peut pas acheter. Chaque jour, cette perspective de devenir propriétaires à Paris s'éloigne, parce que les prix n'arrêtent pas de monter. Plus on avance dans le temps, plus ça va être impossible. Il faut avoir un héritage, un premier appartement laissé par la famille ou un bien de ce type" pour devenir propriétaire.
Des Parisiens aguerris à l'achat et à la vente
Pour beaucoup, la situation se résume donc à un choix entre rester locataire ou quitter Paris. Mais ce n'est pas le cas pour tout le monde : "Les gens qui ont encore les moyens d'acheter des appartements à Paris sont exclusivement des Parisiens qui pratiquent ce 'sport' depuis longtemps. Ils achètent et revendent tous les cinq ans pour racheter plus grand, profiter de leur plus-value et réaliser leur patrimoine", analyse Philippe Gaudry, agent immobilier dans le centre de Paris.
Selon lui, "ce phénomène continuera tant qu'il y aura une hausse permanente du marché tous les ans." Et ce n'est pas prêt de s'arrêter, puisque cette surenchère est encouragée par les agents immobiliers qui ont besoin d'obtenir des mandats. Cela devrait donc contribuer à évincer davantage les classes populaires de l'accession à la propriété à Paris : en 2018, 86% des acheteurs de logements anciens étaient issus des catégories socio-professionnelles les plus favorisées, contre seulement 5% pour les employés et les ouvriers.