Le nouveau plan d'aide financière à la Grèce avance rapidement. Le Parlement grec a adopté vendredi matin, après un débat qui a duré toute la nuit, le troisième plan d'aide au pays. La situation se complique en revanche pour Alexis Tsipras puisque le texte a été adopté essentiellement grâce aux voix de l'opposition tandis que son propre camp est profondément divisé sur cette feuille de route qui va à l'encontre des promesses électorales de Syriza. La balle est désormais dans le camp des ministres des Finances de la zone, qui doivent donner leur feu vert à cet accord, avant que plusieurs parlements nationaux se prononcent sur le sujet.
Que prévoit ce troisième plan ? Ce plan prévoit de prêter environ 86 milliards d'euros à la Grèce pour qu'elle puisse effectuer ses prochains remboursements. En échange, Athènes a accepté un nouveau paquet de réformes et de coupes budgétaires, mais aussi et surtout que toute décision prise soit validée auparavant par ses créanciers. Un contrôle strict qui confine à la perte de souveraineté mais a été imposé par les créanciers les plus sceptiques, ces derniers n'ayant plus confiance en Athènes, quel que soit le gouvernement en place.
En ce qui concerne les réformes négociées, elles prévoient :
- une relance des privatisations, censées permettre de récupérer 6,4 milliards d'euros d'ici 2017.
- une vague de réformes fiscales pour "normaliser" la Grèce. La suppression des avantages fiscaux dont bénéficient les armateurs et les agriculteurs est notamment prévue.
- une réforme des retraites dont le principal axe est la suppression des retraites anticipées, très nombreuses. Le calcul du montant des pensions devrait aussi être réformé.
- une vaste réforme de l'économie grecque pour ouvrir plusieurs professions réglementées (notaire, ingénieur, pharmacien, etc.) et mettre fin à des monopoles.
- des objectifs budgétaires moins élevées qu'initialement prévus pour prendre en compte l'absence de croissance.
Pendant ce temps, le FMI relance le débat sur la dette. Le Fonds monétaire international, qui a décidé de rester en retrait pour la préparation de ce troisième plan d'aide, est sorti de sa réserve jeudi soir. D'abord pour souligner qu'ils attendaient de voir comment évoluent les négociations. Ensuite pour rappeler qu'à ses yeux la Grèce ne pourra pas se relever sans que ses créanciers acceptent d'aborder la question de la dette : soit en procédant à un effacement partiel, soit à un rééchelonnement.
"Nous attendons de travailler avec les autorités (grecques) pour développer le programme (de réformes) plus en détail, et que les partenaires européens de la Grèce prennent des décisions sur l'allègement de la dette", a ainsi déclaré la chef de mission du FMI à Athènes, Delia Velculescu. Sauf qu'une partie des Européens ne veut pas entendre parler d'un allègement de la dette.