Antoine Frérot, le PDG de Veolia, a invité mercredi le directeur général de Suez, entreprise rivale qu'il souhaite racheter contre le gré de l'intéressée, à venir discuter avec lui. "Je réitère mon invitation à Bertrand Camus de venir discuter avec moi de ce magnifique projet", a-t-il dit sur BFM Business, précisant avoir appelé son homologue de Suez début août, au moment où Veolia commençait à mûrir son dessein.
"Bertrand Camus a souhaité essayer de continuer sa route seul, ce que je comprends aussi. Je lui réitère aujourd'hui mon invitation à construire ensemble ce projet. Il y a une place pour tout le monde dans ce projet, pour tous les salariés, tous les managers, tout le top management de Suez", a assuré le patron du numéro un mondial du traitement de l'eau et des déchets.
Une offre de 2,9 milliards d'euros
Réuni en urgence lundi au lendemain de l'annonce des intentions de Veolia, le conseil d'administration de Suez a exprimé sa désapprobation, pointant les "grandes incertitudes" de l'initiative, en terme d'emploi, de pertes d'opportunités, ou encore de perturbations opérationnelles dans un contexte déjà difficile.
Veolia a remis dimanche à Engie, principal actionnaire de Suez, une offre à 2,9 milliards d'euros, portant sur le rachat de 29,9% de son rival. Si cette transaction aboutit -- Engie a un mois pour se prononcer--, Veolia compte déposer ensuite une offre publique d'achat auprès des autres actionnaires de Suez. Objectif : "construire le super champion mondial" de la transformation écologique, sur fond de besoins croissants et de concurrence accrue, explique Antoine Frérot, qui évoque "un projet fort pour la France".
Le gouvernement "vigilant" sur l'emploi
Le gouvernement, par la voix du ministre de l'Economie Bruno Le Maire, a prévenu qu'il serait vigilant sur l'emploi. Mercredi, Antoine Frérot a indiqué qu'il avait présenté son projet notamment au Premier ministre Jean Castex. "Il m'a écouté et a posé des questions, il m'a dit qu'il trouvait que c'était un beau projet", a-t-il dit.
En octobre 2019, Bertrand Camus, arrivé aux commandes de Suez quelques mois avant, avait présenté son plan stratégique, visant à en faire le numéro un du secteur d'ici 2030. Ce plan prévoit notamment des cessions et acquisitions, pour lui permettre de concentrer son capital sur des projets à forte valeur ajoutée. Mercredi, le groupe a annoncé la cession, pour 76 millions de dollars australiens (55 M USD), de 4,8% de sa participation dans AquaSure, qui exploite l'usine de dessalement de l'État de Victoria en Australie, dont il garde 6,9%.
"Cette opération est en ligne avec le plan Shaping Suez 2030", note le communiqué, rappelant que "le groupe concentre ses investissements sur des projets à forte valeur ajoutée lui permettant de se démarquer".