Ce genre de conversation avec un commerçant est encore courant : "puis-je payer par carte bleue ? Pas en dessous de 15 euros". Mais le ministre des Finances, Michel Sapin, annonce mardi matin qu'il veut développer l'utilisation des cartes pour les paiements des petites sommes, lors des Assises des moyens de paiement organisées à Bercy.
Comment le gouvernement compte t-il s'y prendre ? Aujourd'hui, pour chaque paiement par carte bancaire, le commerçant paie en effet une commission à sa banque. "Certains secteurs permettent encore trop faiblement au consommateur d'avoir recours à l'utilisation de la carte bancaire, en particulier les commerces de proximité. Un frein est constitué par les frais supportés par les commerçants (...) il s'agit donc de les baisser", souligne Bercy dans un communiqué. Michel Sapin, qui avait annoncé il y a quelques jours vouloir lever ces freins, "souhaite désormais une division par deux, au minimum, du montant facturé pour les petits achats" par la banque au commerçant.
Pour y parvenir, d'ici la fin de l'année, la commission interbancaire de paiement sera abaissée et passera en moyenne de 0,28% à 0,23% de la valeur de transaction. La partie fixe de cette commission sera également supprimée. Et à partir du 1er janvier 2016, les nouveaux terminaux de paiement électroniques installés devront être obligatoirement équipés d'une fonction IP, qui permet de payer moins cher en passant par internet. De leur côté, les banques doivent s'engager à développer des offres utilisant cette technologie IP et à rendre leur offre tarifaire aux commerçants plus transparente.
Des évolutions prévues par étapes. L'idée est que ce nouveau dispositif soit opérationnel d'ici la fin de l'année, dans l'idéal pour les achats de Noël. Il faut dire que les paiements par carte sont plébiscités par les Français : 61 % d'entre eux souhaitent pouvoir utiliser davantage leur carte pour des achats au quotidien, selon un sondage CSA publié mardi et commandé par le ministère des Finances. On retrouve toutefois un public qui résiste : les plus de 65 ans, dont la moitié ne souhaite pas utiliser d'avantage sa carte de paiement pour les usages courants.
Bercy veut aussi développer le paiement sans contact. Plus besoin de faire son code, vous effleurez le terminal avec votre carte et le paiement est effectué... Ce type de transaction est aujourd'hui possible pour les montants de moins de vingt euros. Et le gouvernement fixe là aussi un nouvel objectif : que tous les commerçants soient équipés d'un terminal adapté au paiement sans contact, d'ici au 1er janvier 2020. Bercy en est toutefois conscient : il va falloir informer le consommateur. Car aujourd'hui, 76 % des Français craignent la fraude et le piratage de leurs données bancaires s'ils utilisent le paiement sans contact.