La remontée progressive du cours du pétrole en 2016 a entraîné une hausse du prix de l'essence. Elle devrait continuer en 2017 mais rester raisonnable.
Les conducteurs qui ont fait le plein au cours des dernières semaines n'ont pas pu ne pas remarquer que la facture s'était un peu alourdie. 1,22 euros le litre de diesel, 1,40 euros le litre de sans-plomb 95 : il faut remonter à juillet 2015 pour trouver trace d'une essence aussi "chère". On est loin des 1,50 voire 1,60 euros de 2012-2013 mais tout de même, le prix de l'essence retrouve des niveaux normaux après les faibles niveaux des dernières années. En 2017, il faut s'attendre à payer en moyenne autant qu'en ce début d'année car les prix devraient peu bouger.
Remontée du cours du pétrole. Après s'être effondré en 2014-2015 sous l'effet de la surproduction, le cours du pétrole a amorcé une lente remontée en 2016. Le prix du baril de Brent - le pétrole produit en mer du Nord et que nous consommons en majorité - a grimpé de 51% en un an, passant de 36 dollars en janvier à un peu plus de 55 dollars fin décembre. En réalité, l'essentiel de cette remontée s'est faite lors du premier semestre 2016 : fin juin, le baril se vendait à près de 50 dollars.
Plafond atteint. Néanmoins, le cours du pétrole brut semble avoir atteint un plafond pour l'économiste Philippe Chalmin. "Il n'y aura pas de flambée du prix du brut cette année. Je prévois un baril de Brent à 54 dollars en moyenne en 2017", soit une stagnation par rapport au niveau des prix de janvier. "Le marché a acheté l'essentiel des promesses de production", affirme le spécialiste des matières premières, ce qui assure une relative stabilité du prix du baril pour les mois à venir.
Accord de l'OPEP limité. Résultat, le prix de l'essence à la pompe ne devrait pas s'envoler en 2017. Mais il devrait quand même augmenter un peu et ce malgré les accords signés par l'OPEP d'une part et 11 pays non membres d'autre part, afin de réduire d'environ 1,6 million de barils par jour la production de pétrole. Une décision qui avait eu comme conséquence une remontée immédiate du prix du baril. Néanmoins, il faut relativiser la portée de ces accords. "Si les pays de l'OPEP respectent leurs engagement à hauteur de 75%, ils seront déjà contents", affirme Philippe Chalmin. La production sera donc plus importante que prévue a priori, d'autant qu'avec l'élection de Donald Trump, le pétrole de schiste américain pourrait connaître un essor important.
La faute au taux de change. Par ailleurs, si le prix du baril de pétrole brut va stagner en dollars, ce pourrait ne pas être le cas en euros en cas d'évolution du taux de change. "Le prix à la pompe dépendra plus de la partition euro/dollars que du cours du pétrole. Si la parité (1 dollar = 1 euro, ndlr) est atteinte, et c'est possible étant donné le rapprochement de ces derniers mois, alors nous paierons notre essence plus cher", explique Philippe Chalmin.
Application concrète : aujourd'hui, 1 dollar = 0,94 euro. Le baril à 55,6 dollars revient donc à 52,5 euros. Mais depuis l'élection de Donald Trump, le dollar ne cesse de décrocher face à l'euro et 1 dollar pourrait bientôt valoir 1 euro. Le baril, au prix actuel, coûterait alors 55,6 euros. La hausse de 3 euros imputable au taux de change se répercuterait mécaniquement sur le prix à la pompe, à raison de plusieurs centimes par litre.
Augmentation des taxes. Le prix du pétrole brut ne représente que 25% du prix de l'essence en station-service. Le reste est lié pour 15% au raffinage et à la distribution et pour 60% aux taxes, essentiellement la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Il y aussi la taxe carbone ou "contribution climat énergie". Or, cette dernière a augmenté de 39% au 1er janvier. Le gouvernement accentue également la convergence de la fiscalité du diesel et de l'essence, afin de rendre le premier moins intéressant financièrement.
Par conséquent, l'Union française des industries pétrolières (Ufip) table sur une augmentation des taxes sur le diesel de 3,9 centimes en 2017 et de 1,1 centime pour l'essence sans plomb. Hausse à laquelle il faut donc ajouter l'augmentation limitée du prix du baril de brut et le taux de change. Sauf événement géopolitique majeur, le prix de l'essence devrait donc augmenter de quelques centimes cette année.