Le successeur de Jean Tirole s'appelle Angus Deaton. Ce professeur americano-britannique a remporté lundi le prix Nobel d'économie pour son analyse de la consommation, de la pauvreté et du bien-être". Qui est-il et surtout sur quoi portent ses recherches ? Portrait d'un homme au CV plus qu'étoffé.
Un Ecossais parti à la conquête du monde anglo-saxon. S'il passe désormais la plupart de son temps aux Etats-Unis, Angus Deaton a vu le jour le 19 octobre 1945 à Ebimbourg, au cœur de l’Écosse. Il y passe les vingt première années de sa vie, avant de partir pour Cambridge, où il obtient dont il ressort diplômé en 1971 dans la spécialité Mathématiques et Economie. Au même moment, il devient père de deux enfants et entame un doctorat qu’il décroche en 1974.
Il a enseigné dans les meilleures universités. Ses études à peine terminées, il commence à enseigner à l’université de Bristol en 1976. Puis, trois ans plus tard, fait ses premiers pas à la prestigieuse université de Princeton, à laquelle il est resté fidèle. Ce qui ne l’empêche pas de retourner enseigner par la suite à Cambridge, son autre QG.
Un chercheur déjà primé. Angus Deaton s’est déjà fait remarquer par ses pairs avant d’obtenir le prix Nobel en sciences économiques. La liste des distinctions qu’il a reçues donne le tournis : professeur émérite à l’université d’Edimbourg, de Chypre, de Rome, à la University of St. Andrews ou encore à l’University College de Londres. Une liste loin d’être exhaustive.
Sans oublier un titre de président de la très illustre Association américaine d’économie (American Economic Association), mais aussi une carte de membre de l’Académie nationale des Sciences et de la Société américaine de philosophie. Angus Deaton a par ailleurs été le lauréat 2012 du prix BBVA Foundation Frontiers of Knowledge Awards, qui récompensa en 2008 un certain Jean Tirole.
Consommation et pauvreté au cœur de ses recherches. Cette formation et ces connaissances, Angus Deaton les a mises au service de la recherche sur les liens entre consommation, pauvreté et bien-être. Il a notamment tenté de répondre aux questions suivantes : comment les consommateurs répartissent leurs dépenses, combien dans une société est consommé et épargné, et enfin comment mesurer le bien-être individuel. Puis a tenté de croiser ces problématiques : Comment évolue la consommation des ménages lorsque leurs revenus changent ? Les habitudes de consommations influent-elles sur la pauvreté ? Ou encore quels sont les groupes sociaux les plus affectés par une hausse de la TVA sur les produits alimentaires ?
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ses travaux sont remarqués. En 2010, l'économiste s’était illustré grâce à une étude, menée avec le prix Nobel d'économie 2002 Daniel Kahneman, où il avait montré que l'argent faisait le bonheur, mais pas au-delà de 75.000 dollars par an. Le nouveau prix Nobel est également le père du "paradoxe de Deaton", selon lequel la consommation ne varie que très lentement dans le cas de variations brusques des revenus. "Pour élaborer des politiques économiques qui promeuvent le bien-être et réduisent la pauvreté, nous devons d'abord comprendre les choix de consommation individuels. Plus que quiconque, Angus Deaton a amélioré cette compréhension", a résumé le comité Nobel.