De la cale du chalutier, une grue débarque des dizaines de caisses débordant de glace sur le port de Granville. À l'intérieur, plusieurs tonnes de daurades, de raies, mais aussi des centaines de kilos de thon rouge, sous les yeux ébahis de Peter Lecourt, responsable des ventes : "Ça fait dix ans que je suis à la criée de Granville, et c'est la première fois que je vois autant de capture de pièces. Le fait d'avoir un apport de thon en plus serait exceptionnel", explique-t-il.
Jusqu'en Norvège. Si le thon rouge remonte aussi haut le long des côtes, du jamais-vu depuis les années 1950 dans les ports de la Manche, c'est grâce aux quotas mis en place il y a dix ans pour le protéger. "Le stock de thon rouge va beaucoup mieux suite à la mise en place de la réglementation en 2007 et du plan de reconstitution. Cela fait deux ou trois ans que le thon est de nouveau observé dans des latitudes qui sont assez élevées. Il remonte déjà jusqu'en Norvège", éclaire Tristan Rouyer, de l'Ifremer.
La WWF contre la hausse des quotas. Puisque les stocks vont mieux, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Icat) préconise une augmentation de 50% des quotas. Un chiffre beaucoup trop haut pour Théa Jacob, de la WWF, une association environnementale : "On avait un stock qui était au bord de de l'effondrement. Il a fallu attendre quinze ans pour que l'Icat prenne en compte les avis scientifiques et mette en place un plan de reconstitution." L'Icat doit rendre sa décision dans un mois. Cette augmentation des quotas représenterait 13.000 tonnes de thon rouge pêchés en plus chaque année.