Il est faux de dire que la Chine est économiquement la grande gagnante de la crise. Il existe plusieurs facteurs qui sont problématiques. J'en cite quelques uns : des surcapacités en matière de bureaux, des surcapacités en matière de logement.
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Une population active en baisse
Il faut savoir que le logement représente 80% du patrimoine des ménages chinois, et 40% des crédits bancaires sont garantis par de l'immobilier. Ce sont des chiffres de l'assureur Allianz. On envisage donc assez bien les conséquences catastrophiques d'une crise des bureaux ou des logements sur le système bancaire.
L'autre problème en Chine, c'est la démographie. On a une baisse de la population active. A cela s'ajoutent, évidemment, les incertitudes politiques. Au niveau de la politique extérieure, il s'agit par exemple de Taïwan. En matière de politique intérieure, l'investisseur David Baverez, qui connaît très bien la Chine qui vit à Hong Kong, a théorisé le conflit entre les deux Chine : la Chine ouverte, celle du premier ministre, et la Chine fermée, celle du président Xi Jinping.
L'économie chinoise fait quand même face à des incertitudes fortes et devrait ralentir très fortement d'ici la fin de l'année. Sans oublier l'impact de la situation sanitaire sur celle-ci. On voit bien que les vaccins chinois, notamment le vaccin Synovac, ne marchent pas contre le variant Omicron, alors même que la Chine continue de suivre une stratégie zéro Covid.
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L'effet ricochet de la crise sanitaire en Chine
Ça veut dire que vous avez potentiellement 1,4 milliards de personnes qui ne sont pas immunisées avec une multiplication des confinements qui auront forcément un impact économique. La Chine reste tout de même l'atelier du monde. On fait face à une désorganisation de la production chinoise qui va accentuer les problèmes d'approvisionnement pour nos industries qui sont déjà importants.
Ça va augmenter les coûts, notamment nos coûts industriels. Ça risque de se répercuter sur l'inflation, qui est déjà relativement forte en France (de l'ordre de 3%). Si on était un peu astucieux, ce serait une invitation à accélérer la réindustrialisation, à retrouver de l'autonomie économique. Ce serait un formidable sujet pour la présidence française de l'Union européenne.
Ça pourrait même être - on peut toujours rêver - un bon sujet pour la campagne électorale française. Ça serait le cas si on avait une campagne digne de ce nom et si on s'intéressait aux sujets de fond. Mais ce n'est pas encore chose faite.