Rouler sans assurance deviendra encore plus risqué dans quelques mois : le gouvernement s’apprête en effet à lancer en 2016 un nouveau dispositif pour débusquer les automobilistes concernés. L’idée est simple : croiser les données recueillis par les radars automatiques avec les fichiers des compagnies d’assurance afin de vérifier que tout véhicule flashé pour excès de vitesse est bien assuré.
Le constat : de plus en plus de véhicules non assurés. Environ 2% des automobilistes roulent sans assurance, c’est-à-dire un petit million de voitures. Mais la situation s’est aggravée avec la crise, comme en attestent les chiffres du fonds de garantie, dont la mission est de rembourser les victimes lors d'accidents avec des personnes sans assurance : depuis 2008, le nombre de dossiers réglés a augmenté de 30% alors que dans le même temps le nombre d'accidents sur les routes a baissé.
"Il y a une hausse de la non-assurance depuis quelques années dont on a pu établir de façon assez certaine qu’elle était liée aux premiers effets de la crise. On a vu effectivement des non-assurés, disons économique, apparaître en plus grand nombre", confirme François Werner, le directeur général du fonds de garantie.
Sans oublier un autre aspect, plus psychologique, invoqué par Pierre Chasseret de l'association 40 millions d'automobilistes : le gendarme fait moins peur. "On a basculé sur une peur du radar et cela, c’est une machine automatique. Elle ne contrôle pas si l’automobiliste a bien son macaron d’assurance. Vu que la probabilité d’être arrêté sur la route n’existe que très peu, beaucoup font ce choix de se passer d’assurance auto", explique-t-il. Quelle que soit la raison, la France est un mauvais élève en la matière : l’Hexagone dénombre plus de conducteurs sans assurance qu'en Italie ou en Espagne.
Les jeunes sont les premiers concernés. C’est la justification économique qu’invoque Julien, conducteur non assuré, contacté par Europe 1. "Je gagnerais 500 à 600 euros de plus par mois, la question ne se poserait pas : bien sûr que je roulerais avec un véhicule assuré. Là, si j’ai un accident, je mange la baraque", se justifie ce Montpelliérain âgé de moins de 35 ans.
Un âge qui ne doit rien au hasard puisque les jeunes sont particulièrement concernés par le défaut d’assurance : dans 6 cas sur 10, les conducteurs non assurés ont moins de 35 ans. Une situation d’autant plus inquiétante que les jeunes sont aussi ceux qui risquent le plus leur vie sur les routes : "alors qu'ils constituent près de 9% de la population, les jeunes de 18 à 24 ans représentent 19,5% des tués et près de 19% des blessés hospitalisés", rappelle la Prévention routière.
Une nouvelle utilité pour les radars. De tels chiffres ont contraint les autorités à se pencher sur la question. Si bien que lorsque le ministre de l’Intérieur a dévoilé en janvier une nouvelle feuille de route pour renforcer la Sécurité routière, une des 26 mesures dévoilées ciblait particulièrement la conduite sans assurance : "agir contre le défaut d’assurance en se donnant les moyens techniques de vérifier l’adéquation entre les véhicules assurés et les véhicules immatriculés".
Après plusieurs mois de concertation, l’Etat pense avoir trouvé la solution pour identifier les voitures non assurés et elle passe par les radars. Pour y arriver, les fichiers SIV recensant les excès de vitesse seront croisés avec ceux des compagnies d’assurance. En résumé, d'ici quelques mois, lorsqu'un automobiliste se fera flasher pour excès de vitesse, les forces de l’ordre pourront aussi vérifier qu'il est bien assuré. Dans les pays où de tels dispositifs ont été mis en place, le nombre de conducteurs sans assurance a sensiblement reculé.