Avec le recul de l'âge de départ à la retraite, instauré dans la réforme de 2010, le nombre de chômeurs indemnisés de 60 et 61 ans a plus que doublé entre 2008 et 2015, d'après une étude de l'Unédic citée par le Conseil d'orientation des retraites (COR). Selon ce rapport sur lequel se base le COR, chargé de faire des propositions pour assurer la solidité financière des régimes de retraite, le nombre de personnes âgées de 60 ans bénéficiant d'une indemnité chômage est passé de 20.000 en 2008 à 50.000 en 2015 et pour celles âgées de 61 ans de 18.000 à 38.000.
30.000 allocataires de 60 à 61 ans en 2015. "Cette évolution s'explique tout d'abord par une forte augmentation des nouveaux allocataires à ces âges." Le flux d'allocataires à 60 ou 61 ans a en effet triplé, passant de 10.000 en 2008 à environ 30.000 en 2015, écrit le COR dans un document consulté par l'AFP. "Avant 2010, ce flux correspondait uniquement aux allocataires ne disposant pas de la durée d'assurance requise pour liquider au taux plein, même en ayant atteint l'âge légal. Avec la réforme, se sont ajoutées les personnes éligibles à l'assurance chômage avant le nouvel âge légal d'ouverture des droits à la retraite", fixé aujourd'hui à 62 ans, souligne-t-il.
Une durée plus longue. Cette hausse s'explique également par les personnes attendant de liquider leurs droits au taux plein, qui "sous l'effet du relèvement de la durée d'assurance et l'âge légal, doivent attendre plus longtemps". Ainsi, en 2008, 57% des allocataires sortant d'indemnisation à 60 ans partaient à la retraite. En 2015, ils étaient 46% âgés de 61 ans à partir à la retraite à la fin de leur indemnisation chômage. En outre, la réforme de 2010 a eu un effet indirect sur les allocataires de 57 à 59 ans, notamment pour les fins de contrat de travail suite à une rupture conventionnelle ou un licenciement.
Décalage du pic des ouvertures de droit à l’indemnisation chômage. Avant 2010, le pic des ouvertures de droit à indemnisation chômage se situait à l'âge de 57 ans - soit l'âge à partir duquel, après trois années d'indemnisation, une personne pouvait liquider sa retraite. Avec le report de l'âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans, le pic s'est décalé vers 59 ans. Selon une autre étude, du Trésor cette fois-ci, produite à la demande du COR et consultée par l'AFP, le relèvement de l'âge d'ouverture des droits à la retraite mènerait, pour chaque année de report, à une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,7 point et à la création de près de 200.000 emplois à long terme.
Selon les simulations du Trésor, "la diminution du nombre de retraités et la hausse de l'activité se traduiraient par une baisse du poids des dépenses de pension de retraite dans le PIB d'ici 2060". Toutefois, à court et moyen terme, il y aurait "un risque plus important de hausse temporaire du taux de chômage (...) si la vitesse d'absorption du surplus de main-d'oeuvre par le marché du travail est insuffisante".