Toutes les grandes marques sont présentes au salon de Pékin pour tenter de se faire une place sur le premier marché mondial.
Tout un symbole. Alors que les constructeurs européens privilégient d’habitude les salons de Paris, Genève ou Francfort pour dévoiler leurs nouveautés, c’est depuis le salon de Pékin que Renault a présenté son nouveau Koleos. Citroën est allée encore plus loin en présentant deux modèles conçus uniquement pour la Chine : la très longue C6 et une version électrique de la C-Elysée. La Chine est donc au centre de toutes les stratégies, et ce n’est pas un hasard : c’est là que se vendent le plus de voitures dans le monde. Reste à savoir si les Français n’arrivent pas un peu trop tard sur un marché aussi prometteur que compliqué.
La Chine, premier marché mondial. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 72,4 millions de voitures particulières vendues dans le monde en 2015, 21,1 millions l’ont été en Chine. En clair, presque un véhicule sur trois produit dans le monde est vendu en Chine.
L’empire du Milieu est donc au cœur des stratégies des constructeurs automobiles et cela commence à se voir : en 2015, l’Américain General Motors y a écoulé 3,61 millions de véhicules et réalisé 44% de ses bénéfices, selon Laurent Petizon, du cabinet AlixPartners. A titre de comparaison, Renault a vendu environ 580.000 véhicules privés dans son propre pays, ce qui en dit long sur l’intérêt du marché chinois.
Un pays qui a encore soif d’automobile. La Chine n’est néanmoins plus tout à fait la terre de conquête commerciale qu’elle était : après des chiffres de croissances à deux chiffres, les ventes automobiles n’ont augmenté "que" de 4,7% en 2015. Les plus sceptiques estiment donc qu’il est trop tard pour investir ce marché, mais un indicateur laisse penser que les Chinois n’ont pas encore fini de faire leurs courses : le taux d’équipement automobile.
Ainsi, on dénombrait environ 600 voitures pour 1.000 habitants en Europe ou au Japon en 2015. Aux Etats-Unis, ce ratio est de 800 voitures pour 1.000 habitants. De son côté, la Chine avoisine à peine les 120 véhicules pour 1.000 habitants, ce qui en dit long. Les constructeurs l’ont bien compris : ils prévoient de commercialiser en Chine une cinquantaine de nouveaux modèles en 2015.
La France a une carte à jouer. Ce n’est donc pas un hasard si Renault a décidé de lancer sa nouvelle Koleos en Chine et que PSA a imaginé une C6 uniquement pour ce pays. Des modèles que les deux marques vont vanter en jouant sur le style français que les Chinois apprécient particulièrement. Pourtant, ce n’est pas l’image de marque tricolore qui sera le meilleur atout des constructeurs français : dans le secteur des berlines et des voitures de luxe notamment, les Allemands conservent une longueur d’avance avec 21,4% de part de marché en 2014.
En revanche, les marques françaises pourraient profiter d’un changement de législation en Chine pour mettre en avant ce qu’elles savent faire de mieux : les citadines et les véhicules compacts adaptés à la circulation dans de grandes métropoles. Le gouvernement a en effet décidé de s’attaquer à la pollution atmosphérique et a fortement augmenté la fiscalité sur les gros modèles. Les taxes sur les petits modèles et les véhicules électriques ont en revanche été revues à la baisse. Une opportunité pour les petits SUV que sont les Renault Captur ou les Peugeot 2008.
Renault se lance dans une bataille de plus en plus rude. Si la Chine est le pays le plus prometteur actuellement, encore faut-il s’y être installé à temps. Le groupe PSA n’a plus ce type de problème depuis que le Chinois Dongfeng a acquis 14% de son capital. En revanche, Renault ne revient-il pas trop tard en inaugurant cette année seulement sa première usine à Wuhan, dans le centre de la Chine ? La question se pose, même si Renault pourra compter sur la longue expérience de son allié Nissan dans le pays.
Seule certitude, la marque au losange va devoir faire face à des constructeurs chinois de plus en plus redoutables : alors qu’ils ne représentaient de 25% du marché en 2014, ils en accaparent désormais 36% selon les chiffres du cabinet IHS Automotive. En comparaison, le groupe PSA s'est adjugé 3,7% du marché en 2014 tandis que Renault n'y était pas encore présent. Les marques chinoises commencent donc à séduire leurs concitoyens et elles ne se contentent plus de proposer des modèles bas-de-gamme : d’après l'association des constructeurs automobiles chinois (CAAM), les marques locales s’accaparent actuellement 60% des ventes de SUV.