Les éleveurs ne désarment toujours pas

© XAVIER LEOTY / AFP
  • Copié
G.S. avec agences , modifié à
GROGNE -

Plusieurs groupes d'éleveurs devraient rester mobilisés lundi, notamment en Mayenne.

Les éleveurs se sont encore mobilisés dimanche dans quelques régions de France, notamment dans le Bas-Rhin et en Haute-Garonne, en dépit des accords sur le relèvement des prix du bœuf, du porc et du lait. Ils remettent le couvert lundi et appellent notamment à un grand rassemblement lundi en Mayenne.

Quels blocages prévus lundi ? Blocages, péages gratuits, opérations escargots, actions et contrôles dans les supermarchés sont à prévoir. Des éleveurs projettent de bloquer lundi matin avec des tracteurs l'autoroute A81 entre Le Mans (Sarthe) et le péage de La Gravelle (Sarthe) à l'appel de la FDSEA de Mayenne. 

Les manifestants devraient ensuite se rassembler près du siège du groupe laitier Lactalis, à Laval. Les organisateurs attendent quelque 500 manifestants et au moins 300 tracteurs.

Les fédérations syndicales agricoles de Bretagne, des Pays-Loire et de Normandie ont annoncé leur participation au mouvement, qui devrait se conclure par des réunions avec des représentants de la grande distribution, des industriels et des élus.

"Poursuivre le combat". Le président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) a pour sa part appelé samedi à poursuivre le "combat pour l'élevage français". Il exhorte, toutefois, à ne pas céder à la violence : "ne prêtons pas le flanc à la critique. Désespoir, colère et passion du métier se mêlent, ces trois sentiments sont désormais compris de tous", souligne Xavier Beulin dans une déclaration transmise aux représentants locaux du syndicat et aux médias.

Que se passe-t-il dans le Bas-Rhin ? Des agriculteurs alsaciens ont érigé dimanche soir des barrages à la frontière franco-allemande pour arrêter les camions venant d'outre-Rhin chargés de produits agro-alimentaires, afin de dénoncer les "distorsions de concurrence" favorisant selon eux leurs homologues étrangers, ont-ils indiqué à l'AFP. Venus avec des tracteurs, ils ont pris place à partir de 22h sur six passages routiers entre la France et l'Allemagne, dont cinq ponts, pour une action qui devrait se prolonger au moins jusqu'à lundi après-midi, à l'initiative de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs du Bas-Rhin. "Nous laissons passer toutes les voitures et tout ce qui vient de France", a dit à l'AFP Franck Sander, président de la FDSEA du Bas-Rhin, affirmant que plus d'un millier d'agriculteurs, "de tout le monde agricole, pas seulement des éleveurs", allaient participer à ces actions de blocage en se relayant. Les camions étrangers arrivant d'Allemagne et transportant des matières premières agricoles ou des produits agro-alimentaires sont en revanche "bloqués", a-t-il poursuivi.

Sur le pont Pierre Pflimlin, au sud de Strasbourg, une centaine d'agriculteurs vêtus de gilets jaunes avaient procédé au "contrôle" de cinq camions vers 23h30, à la lumière des phares de leurs tracteurs et sous l'oeil vigilant des forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP. Ne transportant pas de produits agro-alimentaires, les routiers ont pu continuer leur chemin après quelques minutes d'arrêt. Selon un responsable syndical, à la même heure, une dizaine de camions venant d'Allemagne auraient été contraints à faire demi-tour à la frontière au total depuis l'installation des barrages dans le département.

Sur le pont Pierre Pflimlin, au sud de Strasbourg, une centaine d'agriculteurs vêtus de gilets jaunes avaient procédé au "contrôle" de cinq camions vers 23h30, à la lumière des phares de leurs tracteurs et sous l'oeil vigilant des forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP. Ne transportant pas de produits agro-alimentaires, les routiers ont pu continuer leur chemin après quelques minutes d'arrêt. Selon un responsable syndical, à la même heure, une dizaine de camions venant d'Allemagne auraient été contraints à faire demi-tour à la frontière au total depuis l'installation des barrages dans le département. 

Dans les mesures annoncées par le gouvernement, il n'y a que des reports de cotisations, aucune ne concerne les distorsions de concurrence" avec les agriculteurs étrangers, a estimé Franck  Sander, demandant des "solutions concrètes". "Les distorsions, c'est notamment la surenchère de normes en France, mais aussi la différence entre les coûts de main d'oeuvre", a-t-il dit.

Et en Haute-Garonne ? Une centaine d'agriculteurs français ont fouillé dimanche soir des dizaines de camions venant d'Espagne sur une autoroute de Haute-Garonne, menaçant de décharger la viande ou les fruits destinés au marché français s'ils en trouvaient, a déclaré un responsables syndical. Les cultivateurs et éleveurs ont établi à l'aide d'une dizaine de tracteurs des barrages sur l'autoroute A 645, après le péage de Montrejeau, entre Saint-Gaudens et Lannemezan, provoquant trois à quatre kilomètres de bouchon, a précisé à l'AFP Guillaume Darrouy, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de Haute-Garonne.

Le syndicat était l'organisateur de l'opération qui réunissait également des membres de la FDSEA du département. "On contrôle tous les camions provenant d'Espagne. On regarde la provenance des denrées alimentaires", a-t-il dit, précisant que des éleveurs mais aussi des céréaliers participaient aux vérifications.

Les éleveurs veulent des "prix durables". De manière générale, les éleveurs se disent insatisfaits des aides annoncées mercredi dernier par le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll ( ), et réclament "des prix durables" pour leurs productions. Selon un sondage BVA pour Orange et iTELE, près de neuf Français sur dix (88%) approuvent le mouvement de contestation des éleveurs français et se disent prêts à 81% à consentir un effort financier pour acheter de la viande et du lait français.