Les onze candidats à l’élection présidentielle n’ont pas grand-chose en commun mais ils se rassemblent sur un même diagnostic : l’économie française patine. Pour relancer la "machine France", chacun y va de son remède : relance de 100 milliards pour Jean-Luc Mélenchon, réduction des dépenses publiques pour François Fillon, "protectionnisme intelligent" du côté de Marine Le Pen, etc. Quoi qu’il en soit, le futur président de la République devra composer avec l’économie laissée par François Hollande, encore marquée par les résidus de la crise économique. Croissance apathique, retraites problématiques, emploi en phase de reprise… Europe 1 fait le tour des indicateurs économiques du prochain quinquennat.
Croissance
1,1% : en 2016, la croissance française a encore déçu. Le PIB a augmenté moins vite que prévu par la plupart des institutions économiques françaises et internationales. Depuis cinq ans, la croissance ne parvient pas à décoller et dépasser ne serait-ce que 1,5%. La décomposition trimestrielle montre que les gouvernements de François Hollande n’ont pas réussi à stabiliser la croissance. Les derniers mois et les prévisions à court terme laissent à penser que la France pourrait connaître quatre trimestres de hausse consécutifs. Du jamais-vu depuis 2011.
Mais croissance continue ne rime pas avec croissance forte. Les prévisions pour les prochaines années ne sont pas très optimistes, qu’elles soient l’œuvre du FMI, de l’OCDE ou de la Banque de France. Au mieux, la France peut espérer un petit 1,6% de croissance au cours des deux prochaines années. Des chiffres qui valent pour le rythme actuel de l’économie. Les réformes engagées par le prochain président auront forcément un impact mais plutôt à partir de 2019, le temps qu’elles se mettent en place.
Déficit et dette publique
Quand François Hollande est arrivé au pouvoir en 2012, il a trouvé une France avec des finances publiques sévèrement dans le rouge. A l’époque, le déficit atteint 4,8% du PIB. Pendant cinq ans, le président socialiste a serré la ceinture de l’État en limitant les dépenses. Résultat, si les prévisions du gouvernement se révèlent exactes, le déficit public sera de 2,8% cette année, en dessous donc de la fameuse "règle d’or" de l’Union européenne.
En revanche, la dette publique a continué d’augmenter durant le mandat de François Hollande. En cinq ans, elle est passée de 89,6% à 96% du PIB. Le ministère des Finances anticipe désormais une baisse continue de la dette jusqu’en 2020 au moins. Reste que le niveau actuel est largement supérieur aux 60% demandés par Bruxelles.
Chômage et emploi
Oui, la courbe du chômage s’est inversée. Du moins pour la catégorie A de Pôle emploi et depuis mi-2015 seulement. Avec deux ans et demi de retard, François Hollande aura donc partiellement tenu sa promesse. La France compte actuellement 3,46 millions d’inscrits en catégorie A et 5,52 millions en ajoutant les catégories A, B et C. Deux chiffres supérieurs au début du quinquennat.
Sans surprise, le taux de chômage calculé par l’Insee a également augmenté pour atteindre 9,7% fin 2016. Là encore, la tendance est à la stabilisation, voire à la baisse sur les derniers mois mais l’accalmie est encore fragile.
Sur le front de l’emploi, le prochain occupant de l’Élysée pourra tout de même s’appuyer sur la dynamique des créations de postes. Il y en a eu 191.700 l’an dernier dans le secteur marchand, soit la meilleure performance depuis 2007. La France vient d’aligner sept trimestres consécutifs avec plus de créations que de destructions, signe que les entreprises ont recommencé à embaucher durablement.
Inflation
C’est l’un des points noirs de l’économie française. Non seulement l’inflation est très faible (0,2% en 2016) mais en plus elle a fortement chuté en cinq ans. L’austérité a freiné l’expansion de l’économie et la consommation des ménages. La France est loin des 2% recommandés par l’Union européenne. Le niveau actuel d’inflation ne permet pas d’enclencher un cycle vertueux d’augmentation de la demande et, à termes, des salaires.
Le prochain président devra résoudre l’équation sans pour autant porter atteinte trop durement au portefeuille des Français. En effet, la faible hausse des prix des deux dernières années a permis aux consommateurs de retrouver du pouvoir d’achat. L’indicateur de l’Insee est discutable mais les électeurs seront particulièrement attentifs à son évolution.
Retraites
La question des retraites a été au cœur de la campagne. Le problème est de taille : la population française vieillit inexorablement. Il y a désormais plus de personnes âgées de plus de 60 ans que de personnes de moins de 20 ans dans l’Hexagone. Conséquence directe de cette évolution démographique, le nombre de retraités augmente chaque année. Il apparaît aujourd’hui nécessaire de réformer le système des retraites car il y a de moins en moins d’actifs pour financer les pensions de retraités toujours plus nombreux.
Sécurité sociale
Le prochain président de la République devra également s’occuper de la pérennité de la Sécurité sociale. Le régime général est déficitaire depuis 2002. François Hollande est parvenu à réduire le déficit à 3,8 milliards d’euros en 2016 et l’équilibre sera presque atteint en 2017. La branche accidents du travail est excédentaire depuis 2014 et la branche retraite depuis 2016. La branche famille doit retrouver l’équilibre cette année. En revanche, la branche maladie plombe toujours les comptes de la Sécurité sociale avec un déficit de 2,6 milliards d’euros. Mais la tendance est à la réduction : en 2013, le déficit atteignait 6,8 milliards d’euros. A côté du régime général, le Fonds solidarité vieillesse (FSV) est toujours dans le rouge : -3,8 milliards en 2017.