150.000. C'est le nombre d'emplois, à la fois existants et à créer, que l'organisation des Jeux olympiques de Paris devrait mobiliser, en particulier entre 2021 et 2024, selon une étude présentée jeudi par le comité d'organisation (Cojo) de Paris 2024. Son président, Tony Estanguet, qui était l'invité de l'interview éco d'Emmanuel Duteil, insiste sur sa volonté de faire de ces Jeux une réussite sur le plan de l'emploi.
"C'est vraiment ce qui me préoccupe aujourd'hui. C'est que ces Jeux soient exemplaires, qu'on construise un nouveau modèle de Jeux et qu'on puisse vraiment essayer d'associer le plus grand nombre et mettre en place les bons dispositifs avec nos partenaires", ambitionne le triple champion olympique de canoë sur Europe 1. Selon une cartographie détaillée, réalisée par le Centre de droit et d'économie du sport (Cdes) de Limoges et le consultant Amnyos, ces 150.000 emplois concernent les secteurs de la construction (11.700), l'organisation (événementiel, sécurité privée, transport, gestion des déchets, 78.300) et le tourisme (hôtellerie et restauration, 60.000).
La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), l'établissement public qui supervise la construction des équipements pérennes des Jeux, a par ailleurs établi une charte, qui vise à favoriser l'accès aux marchés pour les TPE/PME, les structures de l'économie sociale et solidaire (ESS), de l'insertion et du secteur du handicap, "en visant au moins 25% du montant global". "Bien évidemment que les plus grandes entreprises françaises vont avoir un rôle à jouer pour que ces Jeux soient réussis", précise Tony Estanguet. "Mais si on veut vraiment mettre en avant l'innovation de ce pays, c'est important d'aller chercher les toutes petites entreprises, de l'économie sociale et solidaire, parce que ce sont souvent ces entreprises qui sont au plus près du terrain et qui, au quotidien, mettent en place des solutions qui marchent."
" J'ai envie d'associer des gens experts et surdiplômés mais aussi des gens qui, aujourd'hui, n'ont peut-être pas de diplômes, sont éloignés de l'emploi "
La charte fixe également un "objectif globalisé et moyen de 10% des heures travaillées" pour les "publics les plus éloignés de l'emploi". Une volonté d'autant plus forte que la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France (17% de chômage contre 8% pour l'ensemble de l'Île-de-France, selon les chiffres du 3ème trimestre 2018), sera l'épicentre des Jeux, avec le village des athlètes, celui des médias, au Bourget, le Stade de France, ou encore le centre aquatique, à Saint-Denis.
"Dans le sport, ce n'est pas celui qui s'est le plus entraîné ou qui est le meilleur techniquement (qui sera choisi), il y a aussi des susprises, et c'est parfois celui qui a le plus grand mental, la plus grande détermination, qui arrive à faire la différence", souligne l'ancien champion. "Et bien, pour les emplois, c'est un peu la même chose. J'ai envie d'associer des gens experts et surdiplômés mais aussi des gens qui, aujourd'hui, n'ont peut-être pas de diplômes, sont éloignés de l'emploi, mais qui ont une envie féroce de voir ce projet réussir et qui ont envie d'y contribuer."
Si la nature de ces emplois est "par nature limitée dans le temps", comme le précise l'étude, Tony Estanguet espère qu'ils pourront être valorisés après les JO. "Nous, aujourd'hui, notre responsabilité, c'est d'identifier les emplois dont on a besoin et de mettre en place des formations. Mais l'objectif est que ces formations préparent à la fois les gens aux métiers des Jeux, mais aussi les aident à pouvoir rebondir ensuite, pour candidater, préparer un emploi…"
Jeudi, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé la création d'une "agence virtuelle Pôle Emploi où l'on pourra trouver toutes les offres liées aux JO", avec "un bus qui sillonnera la Seine-Saint-Denis pour aller voir les jeunes".