Les maths font gagner 15% de PIB à la France

Les mathématiques contribueraient à 15% du PIB français, soit 285 milliards d'euros de valeur ajoutée à l'économie française, et à créer 2,4 millions d'emplois, soit 9% des emplois de l'Hexagone. © LIONEL BONAVENTURE / AFP
  • Copié
G.S. avec AFP , modifié à
QUEL EST LE RAPPORT ? - -

Les mathématiques apportent à l'économie 285 milliards d'euros de valeur ajoutée, selon une étude.

"Les mathématiques sont indispensables. Mais on ne se rend pas vraiment compte de leur présence". Stéphane Cordier est le président de l'Amies, l'Agence pour les mathématiques en interaction avec l'entreprise et la société. Et selon ce professeur de l'université d'Orléans, sa discipline, les maths donc, est loin d'être reconnue à sa juste valeur dans la société.

Pour y remédier, son association a commandé un rapport au cabinet de conseil CMI, qu'il est venu présenter à la presse mercredi, dans les locaux du ministère de l'Education. Et le résultat est frappant : les mathématiques contribueraient à 15% du PIB français, soit 285 milliards d'euros de valeur ajoutée à l'économie française, et à créer 2,4 millions d'emplois, soit 9% des emplois de l'Hexagone.

Les maths, "c'est l'oxygène". Pour obtenir ce chiffre, les auteurs de l'étude ont comptabilisé les emplois et leurs effets sur l'économie des personnes ayant une formation en maths, ou utilisant les maths ou même des outils mathématiques dans leur métier. "L'impact socio-économique des maths n'avait jamais été mesuré dans notre pays. La France obtient des résultats similaires à ceux de la Grande-Bretagne (16% du PIB, 10% des emplois) et des Pays-Bas (13% du PIB, 11% des emplois)", souligne Stéphane Cordier. Dans le numérique par exemple : création de logiciel, d'algorithmes… "Les mathématiques, c'est l'oxygène du monde numérique. Elles sont indispensables à son fonctionnement", insiste le directeur de l'Amies.

La France ne les traite pas comme il faut. "Notre but est de sensibiliser les entreprises et les responsables politiques à l'importance" de cette discipline, poursuit le chercheur. Car en France selon lui, "l'image des maths reste celle d'une discipline austère, vieillotte". Résultat : il n'y a pas suffisamment de mathématiciens, et le PIB en aurait bien besoin. "Comme la plupart des pays 'développés', nous ne formons pas assez de mathématiciens pour couvrir les besoins, en particulier émanant du monde de l'industrie", constate également Cédric Villani, lauréat en 2010 de la médaille Fields, considérée comme le "prix Nobel" de cette discipline.

Les étudiants boudent les maths. Le nombre des étudiants ayant choisi les mathématiques comme matière principale reste d'ailleurs stable et assez faible. Ils étaient environ 6.600 étudiants en Master en 2012-2013, soit 2,1% des effectifs globaux de Masters. Il y avait également 2.000 inscrits dans des formations délivrant des doctorats en mathématiques soit 2,9% des effectifs de formations doctorales. Au total, en mêlant les autres formations proposant des maths au programme, seuls "25% des effectifs étudiants de niveau Bac +2 à Bac +8 sont formés en mathématiques".

"La France utilise très bien son potentiel de recherche fondamentale en mathématiques, et beaucoup moins bien son potentiel de recherche appliquée et industrielle, même s'il y a eu des progrès considérables dans les dernières décennies", décrypte Cédric Villani. Qui conclut : "les verrous les plus sérieux sont sans doute culturels : système d'éducation anxiogène (...), manque de mélange entre le monde universitaire et le monde industriel, relatif manque d'intérêt pour les sujets dits appliqués, manque de valorisation des enseignants etc".