Dès qu'il s'agit de plonger dans les livres de comptes d'Airbnb, les chiffres font vite tourner la tête. La valeur du site Internet spécialisé dans la location de logements de particuliers est estimée à 30 milliards de dollars, soit 27 milliards d'euros. La plateforme revendique d'avoir passé la barre des 10 millions de voyageurs accueillis par un hôte français depuis 2008. Et reverse chaque année 481 millions d'euros par an à ces mêmes hôtes. Sachant qu'à chaque transaction, Airbnb prélève 12% de commission, le chiffre d'affaires français du groupe dépasse les 65 millions d'euros.
Tour de passe-passe. Jusque là, ce n'est que la belle histoire d'une entreprise qui marche bien. Mais le quotidien Le Parisien, qui a pu consulter les comptes 2015 d'Airbnb, révèle jeudi que le groupe y ajoute une bonne dose d'optimisation fiscale. Car la société n'a pas déclaré 65 millions d'euros de chiffre d'affaires en France l'année dernière, mais 4,9 millions, soit treize fois moins. Le bénéfice d'Airbnb apparaît même ridicule : 166.373 euros. Un tour de passe-passe très facile à réaliser. Airbnb gère en effet toutes les transactions réalisées en France via deux sociétés étrangères, l'une irlandaise et l'autre britannique. Or, l'Irlande et le Royaume-Uni pratiquent des taux d'imposition sur les sociétés bien plus bas que celui en France.
Des impôts très légers… et en baisse. Les 4,9 millions d'euros de chiffre d'affaires déclarés pour la filiale hexagonale d'Airbnb, la SARL Airbnb France, ne correspondent, en réalité, qu'à des activités de marketing et de promotion de la marque. Avec seulement 166.373 euros de bénéfice, le groupe paie très peu d'impôts en France : seulement 69.168 euros l'an dernier, selon Le Parisien. "Grâce à différentes recettes comptables, la filiale française a même réussi à réduire la note de 18% par rapport à l'année précédente", précise le quotidien.
Une pratique légale et répandue. Rien de tout cela n'est illégal. "Airbnb se conforme aux lois fiscales dans les pays où nous exerçons nos activités", a rappelé le groupe dans un bref communiqué, précisant que son "bureau en France fournit des services de marketing et paie toutes les taxes applicables". Reste que ces petits arrangements fiscaux attisent le feu des critiques, déjà très nombreuses. Les professionnels du tourisme et de l'hôtellerie, notamment, accusent la société de concurrence déloyale. Pour se racheter une réputation, Airbnb a d'ailleurs mis en place une collecte de taxe de séjour, étendue à de plus en plus de villes.
Le groupe est par ailleurs loin d'être le seul à pratiquer l'optimisation fiscale. Alphabet, la maison mère de Google, McDonald's, Amazon ou encore Facebook sont régulièrement pointés du doigt pour leur tendance à s'implanter dans des pays où les impôts sur les sociétés sont plus avantageux.