Le combat des pilotes de ligne contre la réorganisation proposée par Air France est de plus en plus contesté. Après les sorties de plusieurs hommes politiques, c'est au tour des organisations syndicales de les inviter à renouer le dialogue avec leur direction et a accepter des concessions. Le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, a appelé samedi le SNPL, syndicat majoritaire des pilotes d'Air France, à être "un peu plus solidaire". La veille au soir, c'est la CFDT qui pointait un "syndicalisme qui part en vrille".
Les pilotes engagent un nouveau bras-de-fer avec Air France. La compagnie aérienne, qui ne cesse de perdre du terrain, tente de se réformer pour rebondir. Après le plan Transform 2015, la direction tente de faire adopter le plan Perform 2020. Objectif : faire accepter aux pilotes de ligne de voler une centaine d'heures de plus par an pour une rémunération inchangé afin d'aligner leur rythme de travail sur le reste de la concurrence. Une proposition que rejettent catégoriquement les syndicats de pilotes de ligne, SNPL en tête, ce qui a conduit la direction a menacer d'enclencher son plan B : la suppression de certaines lignes.
"Qu'ils soient un peu plus solidaires". Un tel coup de pression suscite généralement un mouvement de soutien de la part des autres organisations syndicales. Mais dans le cas d'Air France, les pilotes ont du mal de trouver du soutien à l'extérieur, d'autant qu'il leur est reprochés de ne pas avoir fait autant d'efforts que les autres catégories de salariés de l'entreprise. Si bien qu'au lieu de les soutenir, le syndicat Force Ouvrière les a invités samedi à faire des concessions.
"Qu'ils soient un peu plus solidaires et discutent avec les autres syndicats", a déclaré sur iTÉLÉ, le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly. Le SNPL, "c'est un syndicat de métier, je leur conseillerais de ne pas fermer la porte, y compris de la négociation, qu'ils prennent contact avec les autres syndicats", a-t-il ajouté, tout en précisant : "je ne leur tape pas particulièrement dessus (...) On ne sait jamais ce qui se passe entre la direction et les pilotes de ligne".
"C'est du syndicalisme qui part en vrille". Les réactions ne sont pas plus compréhensives du côté de la CFDT. Interrogé sur le sujet vendredi soir, le leader de la CFDT Laurent Berger a dénoncé un "syndicalisme qui part en vrille, le syndicalisme à la mode SNPL, c'est un syndicalisme corporatisme, qui ne prend pas du tout en compte l'intérêt de la majorité, de la totalité des salariés d'Air France". Le secrétaire général de la CFDT a rappelé que la compagnie aérienne "est en difficulté maintenant depuis très longtemps" et qu'un "premier plan d'efforts" a déjà été "demandé aux salariés d'Air France" en 2012: "Le personnel au sol l'a accepté et le personnel navigant, notamment les pilotes, a refusé."
Le gouvernement prend aussi position. Au sein de la classe politique, le constat est le même : tous invitent les syndicats de pilotes de ligne à faire des concessions. A commencer par le gouvernement puisqu'Emmanuel Macron a déclaré vendredi soir que Matignon "appuie" la direction d'Air France. "Il faut regarder les chiffres en face: la situation financière, industrielle du groupe est difficile. (...) "Donc il faut conduire ces réformes. Donc le gouvernement appuie l'entreprise dans la voie des réformes qui sont conduites, et ces réformes ne peuvent être conduites que si tout le monde prend ses responsabilités, et en l'espèce, les syndicats de pilotes", a déclaré le ministre de l'Economie.
Jeudi, c'est le Premier ministre Manuel Valls qui prenait position en invitant "à trouver les bonnes solutions pour l'avenir d'Air France", ajoutant que "chacun doit participer à l'effort, notamment les pilotes". Un message réitéré samedi depuis le Japon, où il est en voyage officiel : "j'en appelle toujours à la responsabilité. Pour s'adapter il faut évoluer. Le statu quo n'est pas possible, sinon c'est l'ensemble du personnel qui est menacé", a-t-il déclaré.