C'est pratiquement tout un secteur qui a été condamné. 21 sociétés spécialisées dans la volaille, et pas des moindres, ont été condamnées par l'Autorité de la concurrence pour s'être mises d'accord sur leurs tarifs. L’institution a annoncé que les industriels ont été condamnés à verser 15,2 millions d'euros au total. Un montant élevé mais pourtant très en-deçà de ce que risquait les entreprises visées, l'Autorité ayant pris en compte les difficultés du secteur.
Quels étaient les reproches adressés aux volaillers ? Les industriels ont été condamnés pour s'être concertés de manière coordonnée "en vue de réduire l'incertitude dans le cadre de leurs négociations commerciales" avec la grande distribution entre 2001 et 2007, a souligné l'Autorité. En clair, les volaillers se mettaient d'accord en amont, avant de négocier avec la grande distribution, afin d'être sûr de ne pas se livrer à une guerre des prix.
Quels sont les entreprises condamnées ? Pratiquement tous les poids lourds du secteur, qu'il s'agisse d'entreprises connues du grand public (Doux, Le Gaulois, Laguillaumie) ou de groupes moins exposés médiatiquement sont concernés par cette amende. Preuve de l'ampleur de la fraude, plusieurs fédérations professionnelles ont également été condamnées : la Fédération des Industries Avicoles (FIA), le Comité Interprofessionnel de la Dinde Française (CIDEF) ou encore le Comité Interprofessionnel du Canard à Rôtir (CICAR). Au total, 21 entreprises ont été condamnées.
Des amendes bien moins élevées que prévu. Au regard du chiffre d'affaires du secteur, qui se compte en milliards d'euros par an, l'amende de 15,2 millions d'euros peut paraitre très légère. En effet, le gendarme de la concurrence peut infliger une amende pouvant atteindre 10% du chiffre d'affaires du contrevenant.
Mais l'Autorité de la concurrence a pris en compte plusieurs facteurs. Il y a d'abord l'attitude des entreprises concernées, qui ont pour la majorité reconnu les faits. Il y a ensuite les difficultés du secteur, au plus mal depuis 2013 : les volaillers ont d'abord été victimes de leur positionnement trop axé sur le "low cost", une course aux prix les plus bas dans laquelle les pays les moins développés ne cessent de progresser. Dans ce contexte, la fin des aides européennes à l’exportation, pourtant annoncées et qui aurait donc dû être anticipées, a fini de fragiliser le secteur.
Les amendes ont également été réduites car les industriels ont pris l'engagement auprès de l'Autorité de créer une véritable interprofession de la filière de la volaille, afin de pallier son manque d'organisation actuel pour faire face aux crises.