Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé dimanche avoir envoyé au géant informatique français en difficulté Atos une lettre d'intention en vue d'acquérir toutes les activités souveraines du groupe. "J'ai déposé ce week-end une lettre d'intention en vue d'acquérir toutes les activités souveraines d'Atos", afin d'éviter que des activités stratégiques pour la France ne "passent dans les mains d'acteurs étrangers", a-t-il déclaré sur LCI.
Atos, en pleine tourmente financière, possède notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et des contrats avec l'armée française. La décision du gouvernement a été accueilli avec satisfaction par la direction du groupe. L'action d'Atos a immédiatement réagi, +14% à l'ouverture de la bourse ce" lundi matin. Les activités concernées par la lettre d'intention recouvrent notamment ces supercalculateurs, des serveurs participant à l'intelligence artificielle (IA) et à l'informatique quantique ou encore des produits de cybersécurité, a appris l'AFP auprès du cabinet du ministre.
Une nécessité absolue, estime Laurent Amar, spécialiste cyber et fondateur de France Verif : "Les coûts de la cybercriminalité ont déjà dépassé les 100 milliards d'euros pour cette année. Donc l'État monte en puissance en investissant dans des sociétés comme Atos pour défendre les éléments structurels de la cybersécurité".
"Action de préférence"
Ce périmètre génère un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 900 millions d'euros, sur un total de près de 11 milliards d'euros pour l'ensemble du groupe Atos, et rassemble 4.000 salariés, essentiellement basés en France, a précisé la même source. Dans ce dossier éminemment politique, l'État s'est déjà engagé à prêter 50 millions d'euros à l'entreprise pour l'aider à stabiliser sa situation financière et a acquis une "action de préférence" qui lui permet de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, filiale d'Atos qui construit ses supercalculateurs.
Pour cette lettre d'intention, action qui n'est pas engageante, c'est l'Agence des participations de l'État qui mène l'opération sous l'autorité de Bruno Le Maire, a souligné ce dernier. Le ministre a cependant dit souhaiter "que l'État ne soit pas seul" et espère rallier d'autres acteurs français pour cette opération. Sans donner leurs noms, il a expliqué qu'il pourrait s'agir d'entreprises opérant dans les domaines de la défense ou de l'aéronautique. Selon son cabinet, "des discussions" sont ainsi en cours "depuis plusieurs semaines" avec un certain nombre d'industriels "qui feraient sens en termes de développement de ces activités".