C'est un incroyable gâchis ! Les 700 millions d'euros d'aides européennes pour la France pourraient bientôt partir en fumée. Ces aides ont pour vocation à développer des projets dans les campagnes comme l'installation d'un artisan dans une commune, l'achat de matériel pour des agriculteurs ou des postes d'animateurs dans des centres sociaux, par exemple. Pour cela, l'Europe a alloué 700 millions d'euros à la France, à dépenser entre 2014 et 2020. Sauf qu'à un an de la date butoir, seulement 3% de cette enveloppe ont été dépensés.
"Ce n'est pas une aide, ça devient un poids !" Les grands perdants dans cette histoire, ce sont ceux qui ont monté ces projets. Des dossiers pensés, réfléchis, validés à trois niveaux : le département, la région, l'Union européenne. Finalement, ils ne touchent rien. Ce sont parfois des entreprises, ou des associations, comme celle de Bénédicte Vivion, à La Châtaigneraie, en Vendée. En 2017, elle a monté en 2017 un gros festival, qui a fait venir plus de 10.000 personnes dans ce village de moins de 3.000 habitants. L'Europe lui a accordé 30.000 euros, à travers le fond Leader. Aujourd'hui elle les attend toujours, et c'est même devenu un handicap.
"C'est un stress ! On a dû contracter un premier prêt. Comme la subvention n'avait toujours pas été versée, on a dû en contracter un second. Là on est à plus de 1.200 euros d'intérêts et de frais de dossier. Donc en fait, on devait nous donner 30.000 euros mais notre dette s'alourdit de jour en jour ! Ces 30.000 euros on les espère tellement, parce qu'on dit a nos fournisseurs : 'Vous allez être payés.' Mais ils ont l'impression qu'on leur ment. En plus, ce sont des entreprises locales que l'on a fait travailler, on les a mises en péril. Donc ce n'est pas une aide, ça devient un poids !", confie-t-elle sur Europe 1.
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La France totalement responsable. C'est un dysfonctionnement 100% français. La responsabilité incombe aux régions et à l'État. Jusqu'en 2014 c'est l'État qui gérait le fonds Leader, et tout fonctionnait très bien. Mais cette année-là, il a confié la gestion des dossiers aux régions. Sauf qu'elles n'étaient pas prêtes et qu'en plus, elles devaient gérer en même temps leur fusion, et leur passage de 22 à 13 régions.
Résultat, le traitement des dossiers a pris énormément de retard. C'est mécanique, moins de régions signifie plus de dossiers à traiter pour chacune d'entre elles. Comme l'Etat a, en plus, gardé l'autorité de déclencher les paiements, ça a rajouté une étape supplémentaire. Et cerise sur le gâteau, le logiciel informatique qui gère tout cela n'a pas fonctionné jusqu'à l'année dernière. Ainsi, aujourd'hui, 5.000 porteurs de projets, comme Bénédicte, attendent de l'argent qu'on leur a promis.
"On ne va quand même pas renvoyer 700 millions d'euros à Bruxelles !" Plus grave, 97% de l'enveloppe doit encore trouver preneur. Et il y a urgence à verser cet argent car si cela n'est pas fait d'ici fin 2020, ces 700 millions d'euros seront perdus, renvoyés à l'Union européenne. C'est ce qui désespère Thibaut Guignard, le président de Leader France, qui représente les porteurs de projets : "C'est terrible ! Depuis 2014 on nous a dit : 'Ne vous inquiétez pas, on va mettre les outils en place, vous allez voir ce que vous allez voir.' Mais on n'a rien vu ! Les régions et le gouvernement n'ont pas pris la mesure du risque de crash généralisé du programme. Aujourd'hui on demande à rencontrer les ministres, que les choses se débloquent. On ne va quand même pas renvoyer 700 millions d'euros à Bruxelles !"
Pour éviter la catastrophe, les régions assurent qu'elles mettent le paquet. On explique par exemple que la région Pays de la Loire a embauché 12 personnes rien que pour ça. La Nouvelle Aquitaine, de son côté, en a engagé 31. En tout cas, il y a réellement urgence. La France est l'avant-dernier pays d'Europe pour le versement de cette aide. Pendant ce temps, le Danemark ou la Roumanie ont dépensé toute leur enveloppe et demandent même une rallonge à Bruxelles !