Ils ne s'étaient pas parlés directement depuis le début du mois de mars. Myriam El Khomri et Philippe Martinez ont renoué le dialogue vendredi matin lors d'une rencontre au ministère du Travail. Si le secrétaire général de la CGT et la ministre du Travail se sont félicités de ce retour à des relations plus apaisés, même s'ils ont acté leur désaccord : le syndicat conteste toujours une partie de la loi Travail alors que le gouvernement refuse d'y retoucher une nouvelle fois. La menace de nouvelles manifestations est donc maintenue.
"Ces désaccords se sont confirmés". "Il y a des points de désaccords entre la CGT et le gouvernement sur des choses de fond, ces désaccords se sont confirmés aujourd'hui", a réagi Philippe Martinez à l'issue de la rencontre. Le représentant du premier syndicat, à la pointe de la contestation contre la loi Travail, a listé comme divergences "la question du respect de la hiérarchie des normes, des licenciements économiques, de la médecine du travail, du référendum".
"Nous avons des désaccords qui ne sont pas nouveaux", mais "nous avons eu un échange constructif, argumenté, sur cette primauté que nous entendons donner à l'accord d'entreprise", a ajouté la ministre, soulignant qu'elle allait "regarder attentivement" les propositions remises vendredi par la CGT. Un détail protocolaire montre néanmoins que les relations entre le syndicat et le gouvernement restent compliquées : Philippe Martinez et Myriam El Khomri ne se sont pas serrés la main dans la cour du ministère, comme c'est l'usage.
Le secrétaire général de la CGT a néanmoins légèrement infléchi son discours en invoquant un possible accord sur le si décrié article 2. "Il faut respecter la hiérarchie des normes, c'est-à-dire qu'un accord (d'entreprise, NDLR) ne puisse pas déroger à l'accord de branche ou, en tout cas, qu'on donne les moyens à ceux qui négocient dans les entreprises de vérifier que juridiquement et économiquement une dérogation pourrait être, entre guillemets, justifiée", a déclaré Philippe Martinez.
La CGT réfléchit toujours à de nouvelles manifestations. Si l'ambiance est désormais moins tendue, chaque partie campe fermement sur ses positions. La CGT estime donc n'avoir aucune raison de renoncer à redescendre dans la rue pour contester la loi Travail. Il n'y a "aucune raison" de renoncer aux journées de mobilisation des 23 et 28 juin, a ainsi prévenu le secrétaire général de la CGT.
Au fait, où en est la loi Travail ? Après un passage en force à l'Assemblée nationale grâce au l'article 49-3, le projet de loi défendu par Myriam El Khomri est actuellement discuté par le Sénat. La droite, qui y est majoritaire, a promis de réécrire la loi Travail pour revenir à sa première version. En face, le gouvernement défend la version réécrite sous la pression des syndicats et de la rue mais refuse d'aller plus loin. Myriam El Khomri refuse donc de retoucher aux articles qui posent encore problème à la CGT, et notamment l'article 2. "Enrichir le texte oui, mais sans en dénaturer la philosophie, c'est très clair de ce point de vue là, et notamment la primauté de l'accord d'entreprise en matière de temps de travail", a répété la ministre du Travail.