De Paris à New York, en passant par Londres ou Francfort, les grands quartiers d’affaires du monde entier sont fantomatiques depuis 14 mois, pour la plupart vidés par la peur du virus et le télétravail. Avec la crise sanitaire, chaque pays a en effet pris des dispositions différentes, et s'organise maintenant à sa façon face à la réouverture progressive. C'est notamment le cas à Wall Street, fermé pendant huit semaines au printemps denier, où le protocole sanitaire a enfin été assoupli.
Un "exemple pour le reste du monde des affaires"
Depuis mai 2020, le télétravail était la règle au sein de la bourse de New York et très peu de courtiers ou de traders étaient présents sur place. Alors la nouvelle d'un quasi-retour à la normale en a réjoui plus d'un. "C'est un pas de plus vers un retour à la normale. On a plus de liberté pour accueillir davantage d'employés sur place. Même s'il faudra toujours veiller à respecter la distanciation sociale, ça va se rapprocher de ce qu'on connaissait avant", explique Jay Woods, chef de la stratégie dans une société de courtage.
Alors que le télétravail est encore très répandu aux Etats-Unis, plusieurs grandes banques américaines veulent en effet montrer l’exemple et sont favorables à un retour progressif de leurs équipes. A l’image de Goldman Sachs, qui prévoit de faire revenir ses employés mi-juin. Selon Jay Woods, Wall Street peut être un exemple. "On a fermé parce que c'était le coeur de la crise. Mais maintenant, on est de retour et on veut montrer au reste du monde des affaires qu'il est tant de revenir", poursuit celui qui dirige ses équipes dans la mythique salle des marchés de Wall Street.
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Des bureaux de la City transformés en logements
En Europe, les mesures ont été bien différentes dans les quartiers d'affaires. A Francfort notamment, le télétravail n'a jamais été la règle et deux tiers des entreprises ont déjà annoncées qu'elles ne demanderaient pas à leurs salariés de faire du distanciel. Du côté de Londres, au contraire, les bureaux sont à moitié vide selon certains traders, et aucune échéance n'a été fixée pour un retour dans les locaux de la City. Certains vont même devenir des logements ou seront loués à des starts-up.
Quant à Paris La Défense, des signes de reprise sont déjà observés : 20 à 30% des salariés sont de retour en présentiel, les entreprises augmentent progressivement leur jauge et le volume des ventes de bureaux est dans la moyenne des dix dernières années. Total y construit même une nouvelle tour.
Et du côté de la Société Générale, on adopte une autre stratégie. Car si le télétravail progresse, ça ne signifie pas pour autant une présence réduite à La Défense. "On va faire venir sur ce site des personnes qui se trouvaient dans des locaux ailleurs. Ça reste un endroit central quand on reçoit des clients et c'est très grand", explique Caroline Guillemin, DRH du groupe.
"Evoluer vers un fonctionnement hybride"
Pas de disparition de bureaux prévue à La Défense donc, mais une volonté de tout repenser et de moduler les espaces. C'est comme ça que Pierre-Yves Guice, directeur général de l'établissement public, imagine les mois à venir. "Ils vont devoir muter leur configuration architecturale et les conditions de travail pour évoluer vers une fonctionnement hybride", explique-t-il. "Les bureaux ne disparaîtront pas mais leur utilité évoluera vers un rôle de sociabilisation et de création de valeur ajoutée entre les équipes de travail".
Car à la différence de la City de Londres, le quartier des affaires de la capitale française n'est pas uniquement composé de locaux professionnels. Il compte également bon nombre de logements, pistes cyclables, restaurants et lieux de vie. D'autant que pas mal de projets sont encore dans les cartons, et permettraient à La Défense de mieux rebondir.