La compagnie low cost estime que le mouvement social qui cloue ses avions au sol est "déraisonnable", et refuse donc d'appliquer la législation européenne en matière d’indemnisation.
On connaissait la compagnie aérienne Ryanair pour ses vols à quelques dizaines d'euros, mais moins pour ses mouvements sociaux. Les pilotes irlandais, belges, suédois, allemands et néerlandais sont appelés à faire grève vendredi, pour protester contre des conditions de travail jugées précaires alors que la pénurie mondiale de pilotes pousse les compagnies concurrentes à revoir à la hausse leur cadre d'emploi. Cette situation a contraint Ryanair à annuler près de 400 vols qui étaient prévus vendredi. Or, la compagnie a déjà fait savoir qu'elle se contenterait d'un simple remboursement des billets, et n'indemniserait pas ses voyageurs, contrairement à ce que prévoit la législation.
Un transfert ou un remboursement. Dans le détail, la compagnie annonce avoir dû annuler 250 vols au départ ou à destination de l'Allemagne et 146 autres au départ ou à l'arrivée des autres pays concernés par le conflit. La France n'est pas épargnée, notamment en ce qui concerne les vols reliant plusieurs aéroports régionaux au hub belge de Charleroi. Tous les clients concernés ont été avertis par e-mail ou SMS, et se sont vu offrir au choix soit un transfert sur un autre vol, soit un remboursement.
"Les circonstances sont exceptionnelles". Mais la compagnie refuse d'aller au-delà ; il n'est pas question pour elle de verser l'indemnisation supplémentaire pourtant prévue par la réglementation européenne en cas d'annulation moins de deux semaines avant le départ. Raison invoquée : "les circonstances sont exceptionnelles. Aucune indemnisation n'est due lorsqu'un syndicat agit de manière déraisonnable", argue l'aviateur low cost.
Ryanair hors-la-loi ? Pour Emmanuel Foulon, porte-parole du groupe socialiste au Parlement européen, cet argument a été rendu caduc par une récente décision de justice au niveau européen. "La cour de justice de l'Union européenne, dans un arrêt du 17 avril 2018, a expliqué qu'une grève sauvage du personnel naviguant ne constitue en rien un phénomène exceptionnel ou une circonstance extraordinaire", rappelle-t-il. "La compagnie est donc tenue de rembourser mais aussi d'indemniser ses clients". Il serait inacceptable que Ryanair échappe à ses obligations, répètent les eurodéputés socialistes, alors que selon eux, la compagnie est entièrement responsable du mécontentement de son personnel.