Comment expliquer la "très bonne année" du marché de Rungis ?

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Antoine Terrel , modifié à
Alors que 2020 a été marquée par la crise du coronavirus, le marché de Rungis a connu une "très bonne année". Sur Europe 1, dans "La France bouge", son président Stéphane Layani et plusieurs producteurs insistent sur l'importance de Noël, mais aussi sur l'évolution des comportements des consommateurs. 
DÉCRYPTAGE

Malgré un contexte bien particulier, forcément marqué par l'épidémie de coronavirus et les incertitudes liées au Brexit, 2020 aura été "une très bonne année" pour le marché de Rungis, comme l'a confirmé mercredi son président Stéphane Layani sur Europe 1. Alors que les commandes explosent à la veille de Noël, les acteurs du plus grand marché de gros d'Europe ont également su s'adapter à la mise en place des deux confinements, et ont soutenu leurs entreprises. Résultat : aucune liquidation en 2020. 

 

Une "effervescence" avant Noël 

"Ça marche très bien" à la veille des fêtes de fin d'année, se réjouit Stéphane Layani, invité de La France bouge, qui attend une "effervescence encore plus grande" pour le 24 et le 25 décembre. "Traditionnellement, au mois de décembre, on fait deux mois en un", poursuit-il. "Et cette année, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais les gens m'ont demandé plus de foie gras, plus de volailles fermières, plus de crustacés."

"Ça fait deux-trois semaines que ça grouille", confirme Mickaël Piffard-Besnard, président du groupe français Byzance, spécialisé dans les produits de la mer, et fondateur de la marque "Bellota Bellota", qui note "une demande vraiment croissante". Depuis le début du mois de décembre, "on est à +30,+40, +50%, voire davantage sur certains produits".

Après une année marquée par une actualité anxiogène, les Français se disent "carpe diem", pense le producteur, appuyé par Henri d’Agostino, patron de la Cave de Rungis, et figure historique du marché, invité lui aussi lundi de La France bouge. "Tout le monde a besoin de se retrouver, de faire un peu la fête", explique-t-il au micro d'Europe 1. 

"On a beaucoup travaillé sur la marque" 

Au-delà de l'effervescence provoquée par l'imminence de Noël, les acteurs de Rungis notent une évolution des comportements des consommateurs, sans doute liée en partie aux confinements. "Ils se font la cuisine deux fois par jour, ils préfèrent varier les plaisirs", analyse Stéphane Layani. "Et qui mieux que Rungis peut servir leurs commerces de proximité ?"

"Les gens ont découvert un peu plus le commerce traditionnel", note de son côté Véronique Gillardeau, ostréicultrice, présidente de la Maison Blanc et co-gérante de la maison familiale Gillardeau. Pour Mickaël Piffard-Besnard, les gens "en ont marre des pâtes et du riz. Tout le monde a envie de manger du bon, de savoir d'où ça vient". 

Un succès qui s'explique aussi par le travail en amont de la direction de Rungis. "On a beaucoup travaillé sur la marque en expliquant ce qu'est la qualité, le goût d'un produit", assure Stéphane Layani. D'ailleurs, ajoute-t-il, "Monoprix a signé un accord de licence" avec le marché, et depuis "leurs ventes ont augmenté". 

L'impact limité de la fermeture des restaurants

"La fermeture du restaurant est pour nous une très mauvaise nouvelle", tient d'abord à préciser le président du marché de Rungis, se disant "solidaire" de la détresse des restaurateurs, qui représentent 13% des clients de Rungis. Mais, rappelle-t-il, "les restaurateurs n'ont pas été complètement inactifs", et "ont fait du 'click and collect' qui leur a permis de survivre et de compléter leurs fins de mois". Et par ailleurs, de leur côté, les grossistes se sont eux-aussi adaptés, et "ont développé des solutions "digitales". 

Un soutien aux entreprises

Sur le terrain, l'ostréicultrice Véronique Gillardeau constate que sur les marchés, les poissonniers "ont vraiment pris un bon volume qu'on avait perdu avec la restauration". 

Et alors que la crise sanitaire a également entraîné une crise économique, "il n'y a pas eu une seule liquidation cette année" à Rungis, se félicite Stéphane Layani, alors que "d'habitude, il y a vingt liquidations par an".  

Au cours de la crise, "l'autorité gestionnaire a pris en charge un fond de solidarité de 4 millions d'euros qui nous a permis de faire des aides ciblées aux entreprises qui en avaient besoin", développe Stéphane Layani. Un effort de solidarité qui se poursuivra en 2021. "Il y a eu des exonérations de loyer, jusqu'à trois mois de loyer pendant le premier confinement, et on va encore en faire pour le deuxième", conclut le patron du marché alimentaire.